Politique

Le goinfre et les malingres

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Voilà 4 ans qu’Evariste Ndayishimiye est chef de l’Etat burundais. A la suite d’une arrivée au pouvoir par une victoire douteuse, d’aucuns, même dans son propre camp, étant convaincus qu’il avait perdu la présidentielle face à un certain Agathon Rwasa. Est-ce ce qui explique la suite des événements ? Car voilà : Evariste Ndayishimiye semble ne s’être jamais senti dans les bottes, trop larges visiblement pour lui, d’un vrai président de la République. 4 ans d’errements qui ont fini par mettre à genoux le pays. De président mal élu à mauvais, voire pire président de la République, le pas a vite été franchi. Aujourd’hui, le pays vogue à vau-l’eau, avec tous les secteurs au rouge, et un peuple résigné dans un sort qui semble irréversible, tant le pouvoir a montré, depuis bien longtemps, son incapacité à trouver des solutions. Il n’en fallait pas plus pour motiver une nouvelle synergie des radios Inzamba, Radio publique africaine et la télévision Renaissance. Ce texte en est l’éditorial.

Publié le 19 juin 2024 par Rédaction

La seule et unique chose dont les Burundais peuvent remercier Evariste Ndayishimiye, c’est d’avoir toujours rendu les choses si facilement visibles et d’avoir de tout temps été lui-même trop prévisible. Ses beaux discours du début de sa présidence n’ont jamais berné personne. Tout le monde attendait de le voir à l’œuvre, mais l’homme n’a jamais bougé d’un iota. Au contraire, à chaque pas en avant, il le vendange toujours par deux pas en arrière. Sa stratégie de se plaindre et de verser des larmes de crocodile n’ayant pas payé, le voilà aujourd’hui qui se targue d’abord d’être un homme immensément riche et, cerise sur le gâteau, d’avoir rendu le peuple burundais plus prospère et plus heureux qu’il ne l’avait été auparavant.

Quelqu’un a dit tout récemment qu’Evariste Ndayishimiye n’est pas dans le déni, mais dans la démence. Quelle justesse ! Comment un chef d’Etat de bon sens peut-il oser se proclamer le meilleur du monde au moment où il a mis le pays à terre, s’il ne l’a pas enterré ! Tout est à l’arrêt dans le pays, comme si le temps s’était totalement arrêté. A commencer par l’économie.

Depuis qu’il s’est juré de s’occuper personnellement du problème du carburant, la pénurie de l’or noir a sans discontinuer élu domicile dans le pays des mille collines, et aujourd’hui, tous les véhicules, à part les siens et ceux de ses proches, sont à sec. Plus de voitures privées, plus de véhicules de transport en commun, les rues sont complètement vides, la seule alternative pour les Burundais, où qu’ils se trouvent, et qui qu’ils soient, étant de marcher à pied, ou rester à la maison.

Dans de telles conditions, les marchés ne peuvent plus être achalandés en peu de produits encore disponibles, même de première nécessité, les services d’urgence ne fonctionnent plus, car les groupes électrogènes ne peuvent plus marcher, et les ambulances ne peuvent plus aller chercher les malades. Même chose pour les usines et les entreprises dont les équipements requièrent du carburant et qui sont toutes en faillite. Du coup, les prix explosent et atteignent des sommets inimaginables pour tous les produits. Aujourd’hui, la majorité des Burundais peuvent à peine manger une fois par jour. Incorrigible qu’il est, Evariste Ndayishimiye vient de déclarer que la récolte a été surabondante dans tout le pays. Par quelle magie, alors qu’il n’y a même plus de fertilisants ?

Dans son style trop unique, il avait ironisé que les Burundais n’avaient pas besoin de dollars et d’Euros. Ironie du sort, c’est justement le manque de devises qui est la source de la plus grave crise économique de l’histoire du pays, avec des endémies qui ont pour noms corruption et détournements de fonds. Dans un pays sans électricité ni eau courante, un pays qui se recroqueville sur lui-même en fermant unilatéralement et sans raison ses frontières d’avec le Rwanda, que faut-il en espérer ?

Sur le plan sécuritaire, un climat d’insécurité s’est généralisé. Des assassinats ciblés et des enlèvements ont toujours accompagné le parcours du président, dans une atmosphère rythmée par des explosions de grenades dans des espaces publics et des attaques armées. Les morts ne se comptent plus. Et comme si les victimes internes ne suffisaient pas, ne voilà-t-il qu’Evariste Ndayishimiye expédie les militaires de son armée dans des charniers en RDC où nos soldats sont tués et capturés par dizaines et, poussant son cynisme au paroxysme, le même Ndayishimiye déclare ensuite qu’il ne les connaît pas.

Que dire de la politique, à part que l’opposition n’a autant été malmenée que sous le régime Ndayishimiye, avec le CNL comme cible privilégiée, tuant et emprisonnant ses membres à tour de bras, jusqu’à l’enlever à son leader Agathon Rwasa, celui-là même que l’opinion a la conviction qu’il a gagné la dernière présidentielle, dont les résultats ont été maladroitement truqués pour faire passer Evariste Ndayishimiye ! Le régime déclaré du parti unique lui ouvre grandement les portes à de nouvelles victoires sans gloire.

Ce 18 juin, Evariste Ndayishimiye a sabré du champagne dans la totale ignorance de milliers de Burundais qui croupissent injustement en prison, le fait d’une justice sous les ordres. Ceux qui ont purgé leurs peines, ceux qui ont été graciés, les détenus politiques, les journalistes Floriane Irangabiye et Sandra Muhoza, sans oublier la brave syndicaliste Emilienne Sibomana, la liste est trop longue pour les citer tous.

Cher Evariste Ndayishimiye, il faudrait, et c’est peu dire, toute une encyclopédie pour passer en revue tous vos records abominables dignes de figurer dans le livre Guinness. Estimez-vous heureux qu’on ne parle pas du système éducatif insipide, du mécontentement des fonctionnaires aux salaires qui frôlent le zéro, et bien d’autres laissés-pour-compte.

Mais comme le malheur des Burundais fait votre bonheur, eh bien, aucun doute que la fête fut bonne !

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