Plus de 500 personnes ont été tuées, plus de 350 arbitrairement arrêtées et plus de 60 cas de viol répertoriés. Ce sont entre autres tristes statistiques qui constituent le rapport de la campagne SOS Torture Burundi intitulé : « Le Gouvernement Ndayishimiye : une année de promesses non tenues ». La campagne part de « beaux » discours du nouveau président pour démontrer une réalité toute contraire aux propos pour le moins prometteurs.
Selon le rapport, le Général Major Évariste Ndayishimiye avait d’entrée de jeu exprimé la volonté de promouvoir les droits et les libertés des citoyens, en condamnant la violence politique et en prenant des engagements visant à mettre fin à l’impunité.
Des promesses qui avaient suscité beaucoup d’espoir au sein de l’opinion nationale et internationale. De nombreux activistes des droits de l’homme avaient pris cette déclaration comme l’expression d’une volonté ferme de changements en matière des droits de l’homme. Mais le document fait remarquer que ces derniers ne tarderont pas à déchanter. Car depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, des violations massives des droits de l’homme se sont poursuivies en toute impunité.
Ainsi, depuis le 28 juin 2020, en tout, SOS-Torture Burundi indique avoir recensé 563 personnes assassinées, dont 268 corps sans vie non identifiés, dans différentes provinces du pays. La province de Cibitoke a été la plus touchée avec 87 corps abandonnés qui ont été retrouvés. Par ailleurs, la campagne a documenté 278 personnes attaquées et blessées essentiellement par des miliciens « Imbonerakure » du parti au pouvoir, 350 arrestations irrégulières, 55 cas de torture dont 9 qui ont entrainé la mort des victimes en détention, et 63 cas de viol.
Le rapport note que le pouvoir judiciaire burundais reste sous les ordres de l’exécutif devenant un instrument pour pourchasser les opposants et protéger les officiels et les membres de la milice Imbonerakure. Les opposants politiques ou supposés tels sont jugés à travers des parodies judiciaires, expéditives ou qui trainent en longueur, ajoute SOS-Torture Burundi.
Selon cette campagne, la liberté d’expression est toujours bâillonnée, et les mesures prises par le pouvoir sont de façade. Toute critique est bannie, et la répression s’abat sur celui qui ose élever une voix discordante. Les médias qui émettent à partir du sol burundais ont accepté de respecter cette règle et travaillent la peur au ventre en s’imposant l’autocensure dans leur collecte et traitement de l’information, sans oser toucher sur les dossiers qui fâchent. Toujours selon le rapport, le discours du président de la République, Général Major Évariste Ndayishimiye, caractérisé par l’ouverture au changement, reste toujours contredit par les faits. Les médias autorisés à rouvrir le font en s’engageant à se soumettre aux volontés du pouvoir, et ceux qui s’y opposent restent honnis et interdits.
SOS-Torture conclue que le discours d’ouverture n’est pas traduit dans les faits et qu’il y a lieu de penser que ces proclamations de foi ne viseraient qu’à essayer de redorer le blason du pouvoir auprès d’une certaine opinion internationale. Beaucoup reste à faire pour le nouveau régime du président Evariste Ndayishimiye, qui doit faire preuve de sa réelle volonté politique d’honorer ses engagements pris par le Burundi, dans les instruments nationaux et internationaux de protection des droits de l’homme, selon le document.