Plus de deux cents personnes ont été testées positives au Covid-19 en deux jours, au chef-lieu de la province de Kirundo. De nombreux malades sont renvoyés à la maison pour suivre leur traitement chez eux suite au manque de places à l’hôpital. La population craint la propagation du virus dans le voisinage de ces malades parce que les mesures barrières ne sont pas respectées.
Les sources provenant des services de la santé dans cette province de Kirundo, indiquent que les chiffres des cas positifs montent spectaculairement du jour au lendemain. « Jeudi dernier, soixante personnes ont été affectées, et, le lendemain, elles étaient cent cinquante, soit près du triple du nombre de la veille », a alerté un infirmier de l’hôpital principal, interrogé par la radio Inzamba Agateka Kawe.
Du coup, « l’hôpital principal était dépassé par la situation, et nombre de malades ont été transférés dans les salles de classe du lycée Kanyinya. D’autres ont été renvoyés à la maison pour y suivre le traitement, mais ils ne bénéficient d’aucun suivi », a regretté une infirmière. Selon les services sanitaires au niveau provincial, cela vise à séparer les malades du Covid-19 des autres, une stratégie d’éviter la propagation par contamination.
Mais la population du chef-lieu de la province Kirundo craint une contamination à grande échelle, car elle estime qu’il n’y a pas de rigueur dans l’application des mesures barrières.
« Les chiffres de ceux qui sont testés positifs au Covid-19 sont alarmants, mais les mesures barrières ne sont pas respectées. La majorité ne porte pas de masque pour se protéger. Même celui qui le porte ne le fait pas convenablement. Il ne couvre ni le nez, ni la bouche, c’est jusqu’au niveau du menton. On dirait qu’ils ne sont pas informés sur l’existence et les conséquences du virus », s’est inquiété un voisin d’une personne infectée.
Une absence de statistiques trop pesante
A Kirundo comme ailleurs dans le pays, la situation sur la pandémie reste une inconnue que déplore aussi bien la population que les experts de la santé. Car si le chiffre 200 est sorti pour les seuls deux jours de jeudi et vendredi dans cette province du nord du pays, c’est une fuite émanant de sources non officielles, aucune autre statistique spécifique sur le virus n’étant connue.
Alors que jusqu’en mars cette année, le gouvernement publiait de temps en temps des données sur une base hebdomadaire, depuis avril, le public se contente de statistiques sporadiques d’ordre général. Et les dernières en date sont du ministre de la Santé, qui, en juin dernier, a posté un tweet faisant état du nombre total de cas reconnus par le pouvoir, depuis l’apparition du virus dans le pays, soit 5 348 positifs, 773 guéris et 8 décès.
Pour certains observateurs, dont des spécialistes du domaine, cela dénote de la volonté des autorités de camoufler une réalité qui serait plus grave qu’elles ne veulent le dire.