Cinq personnes ont été arrêtées samedi dernier en commune Mugamba, province Bururi. Les familles de ces personnes s’inquiètent pour leur sécurité, leurs lieux de détention n’étant pas connus. Une crainte d’autant plus justifiée que ceux qui ont été arrêtés avant eux auraient été torturés dans les cellules du Service national des renseignements. Le commissaire communal de police à Mugamba, Moïse Arakaza, est encore une fois accusé d’être derrière toutes ces arrestations.
Ceux qui ont été arrêtés ce samedi dernier sont « le prénommé Désiré, le nommé Ngabirano, Dismas Nzokira, Jean Pierre Tuyisenge et Gérard Bigirimana. Les quatre premiers ont été appréhendés à Mugamba pendant la journée. Le cinquième, Gérard Bigirimana, a été arrêté samedi soir à Kanyosha en mairie de Bujumbura », précise une source en commune Mugamba. Celui-ci est le frère d’Evelyne Kamikazi, qui serait actuellement en garde à vue dans les cachots du Service national des renseignements à Bujumbura.
Les sources de la radio Inzamba dans la commune Mugamba révèlent qu’ils ont tous été arrêtés par des agents du SNR, en complicité avec le commissaire communal de police, Moïse Arakaza, alias Nyeganyega.
Les proches des personnes arrêtées sont inquiets. « Après leur arrestation, ils ont immédiatement été embarqués dans des véhicules aux vitres teintées, qui appartiendraient au Service national des renseignements, vers une destination qui ne nous a pas été communiquée », s’est plaint un des proches.
Certains redoutent qu’ils subissent la torture ou, pire, qu’ils disparaissent. L’exemple qu’ils donnent est celui d’Evelyne Kamikazi, qui, selon sa famille, aurait été torturée dans sa cellule où elle est en garde à vue dans les cachots du SNR à Bujumbura.
Evelyne Kamikazi a été arrêtée pour la contraindre de révéler où serait son mari qui a fui le pays depuis 2015. Celui-ci, originaire de Mugamba, est un ancien militaire des ex-Forces armées burundaises.
Les cinq hommes cités ne font qu’allonger la liste des personnes arrêtées dans la région. Les habitants de Mugamba qualifient ces arrestations d’une chasse aux sorcières qui est opérée par le commissaire communal de police Moïse Arakaza. Ce dernier est particulièrement pointé du doigt pour s’en prendre injustement aux jeunes qu’il accuse de rebelles, ainsi qu’aux militaires retraités des ex-FAB, à qui il accole le crime de possession illégale d’arme, et qui, pour être libérés, doivent lui verser une somme allant de 200 000 à 600 000 francs burundais, selon le crime qui leur est reproché.
Les arrestations ourdies par le commissaire Moïse Arakaza sont devenues tellement fréquentes que certaines collines, Mwumba en particulier, dans la zone du même nom, sont désertées par les jeunes et certains adultes qui ont peur d’être ciblés par le policier, selon des sources en commune Mugamba.
La population a maintes fois appelé l’administration au niveau communal et provincial à s’impliquer pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de calvaire que leur fait subir ce commissaire.
La rédaction de la radio Inzamba Agateka Kawe a tenté de joindre le porte-parole du ministère en charge de la sécurité publique, Pierre Nkurikiye, pour s’exprimer sur ces inquiétudes des habitants de Mugamba, mais en vain.