Depuis quelques semaines, il y a tellement d’allégations des habitants de Mugamba contre le commissaire communal Moïse Arakaza, que la rédaction de la radio Inzamba a voulu en savoir plus sur sa personne. Et le moins que l’on puisse dire est que son parcours fait froid dans le dos. Portrait.
L’officier de police Moïse Arakaza est natif de la colline Gikurazo en commune et province Makamba au sud du pays. Ceux qui le connaissent dans la localité révèlent qu’il n’a pas dépassé la troisième année primaire, comme cursus de formation scolaire.
Moïse Arakaza, alias Nyeganyega, a intégré la police nationale du Burundi en 2009, au moment de l’intégration des anciens combattants du Palipehutu FNL (Front national de libération). Il a débuté sa carrière policière au sein du Groupement mobile d’intervention rapide, GMIR, en mairie de Bujumbura. Après les élections de 2010, certains de ses compagnons au GMIR font savoir qu’il a activement participé à l’élimination d’anciens combattants du mouvement Palipehutu FNL, dans le cadre du fameux « Plan Safisha ». Des assassinats qui ont été commis par des éléments de la police et du service national des renseignements, ainsi que des Imbonerakure.
Vers la fin de 2012, Moïse Arakaza a été muté au commissariat provincial de police à Bururi. Par après, il a été nommé chef de poste de police en commune Bururi. Durant son mandat à ce poste, il a tué, avec son pistolet, une personne à bout portant. Un dossier y relatif a été ouvert au parquet de Bururi. Mais comme Moïse Arakaza était en bons termes avec les responsables de la police au niveau national et avec certains hauts cadres du parti au pouvoir le CNDD-FDD, le dossier de crime de sang aurait été classé sans suite.
Avec les manifestations de 2015, il a été envoyé comme chef de poste dans la commune Matana en province Bururi. Il y est accusé de nombreuses exactions, comme la torture, exiger la rançon aux personnes arbitrairement arrêtées ou encore des pots-de-vin aux conducteurs de taxis moto pour les autoriser à circuler. Il a ensuite été muté encore une fois dans les unités GMIR de Bujumbura, après avoir battu un jeune Imbonerakure de Matana, jusqu’à le blesser à l’œil.
Lors de la campagne électorale de 2020, alors qu’il était dans le GMIR de Bujumbura, il a été détaché dans les communes des provinces Bujumbura et Rumonge. Selon des témoins policiers, il s’est singularisé par un excès de zèle jusqu’à tenter de perturber la sécurité du député et président du parti CNL Agathon Rwasa, en déplacement dans ces localités, pour battre campagne comme candidat à la présidentielle. Moïse Arakaza s’est même bagarré avec les policiers de l’unité d’Appui à la protection des institutions, API, qui assuraient la garde d’Agathon Rwasa. Les mêmes informations indiquent que Moïse Arakaza, a joué de ses relations pour que certains de ces policiers qui assuraient la garde de Rwasa, soient par après renvoyés de la police, pour s’être opposés à ses volontés.
A la fin de 2020, avec la création des commissariats communaux, Moïse Arakaza a encore été muté au commissariat provincial de Bururi pour être commissaire communal dans la commune Mugamba. Depuis son arrivée à Mugamba, les habitants disent que la commune a totalement perdu sa quiétude. Nombreux ont arbitrairement été arrêtés, pour ensuite être libérés après le paiement d’une forte rançon, et, à défaut, être transférés dans d’autres cachots des services de renseignements, avec de graves accusations de collaboration avec les groupes rebelles et de détention illégale d’armes, d’autres sont victimes d’enlèvements, et de disparition forcée. Moïse Arakaza est également pointé du doigt dans des assassinats. Le dernier en date étant le meurtre du jeune Bernardin Baserukiye, 20 ans, tué par balle non loin de son domicile. Il venait d’être libéré de la prison par la grâce présidentielle.
Ses collègues policiers, toutes catégories confondues, le décrivent comme un officier qui ne cache pas sa haine viscérale envers les Tutsis. Selon eux, il n’hésite même pas de dire à haute voix qu’il ne veut pas travailler avec eux. Il est également renommé pour sa brutalité, même avec ses propres compères. Quand un malentendu survient, Moïse Arakaza recourt chaque fois à l’intimidation avec son pistolet, criant qu’il est prêt à tirer pour tuer. Ces policiers indiquent avoir déjà informé la hiérarchie de ce comportement. Mais aucune mesure contraignante n’a encore été prise contre lui.