Economie

Confusion au plus haut sommet de l’Etat sur les raisons de la pénurie des fertilisants FOMI

Publié le 2 août 2022 par Rédaction

Il s’observe un double langage sur la pénurie des fertilisants produits par l’usine FOMI au Burundi. Le président Evariste Ndayishimiye révèle qu’il y a eu des magouilles dans la vente de ces fertilisants, au profit de certains individus pour une commercialisation à des prix exorbitants. Il menace aussi de punir exemplairement les auteurs de ces magouilles. De son côté, son porte-parole, Alain Diomède Nzeyimana, a récemment expliqué que l’appel lancé par le chef de l’Etat pour l’agriculture a suscité beaucoup d’engouement pour ce secteur. Selon lui, c’est l’accroissement de la demande qui est à l’origine du manque des fertilisants.

C’est un secret de polichinelle. La pénurie des fertilisants FOMI a été casse-tête pour les agriculteurs burundais durant la saison culturale B cette année. Les plaintes de ces derniers ont été tel que les plus hautes autorités se sont senties interpellées pour y remédier.

C’est le cas de la présidence de la République. Et la question irrite le chef de l’Etat. Evariste Ndayishimiye qui déplore de ne recevoir pas de rapports des directeurs des bureaux provinciaux sur cette pénurie. Il dévoile surtout des spéculations qui seraient à la base de cette dernière, et menace de sanctionner ceux qui seront attrapés dans les magouilles liées à la commercialisation de ces fertilisants.

« Il y a des commerçants qui demandent à des gens qui n’ont même pas de champs, d’aller demander des fertilisants pour eux. Ceux-ci en commandent une grande quantité et les donnent aux commerçants qui les ont mandatés. Il y en a qui ont été surpris, et ils ont dit qu’ils le conservent pour tel ou tel autre, alors que c’est pour la commercialisation. Ce sont ces gens qui sont à l’origine de cette pénurie des fertilisants. Ceux qui seront attrapés, seront sévèrement punis, parce que ce sont eux les saboteurs du développement du pays », a révélé Evariste Ndayishimiye.

Et le président de la République pointe également du doigt la responsabilité des agents de l’Etat sur le terrain.

« Vous pouvez vous imaginer que j’ai dû me débrouiller moi-même pour découvrir que les fertilisants ont manqué pour la saison culturale B. Sans que ceux qui devaient m’en informer aient donné des rapports. C’est-à dire les chefs des bureaux provinciaux de l’agriculture, élevage et environnement. Désormais, ils devront aller chez FOMI pour réquisitionner les fertilisants de leurs provinces respectives. Je vais être sévère envers eux. Parce que j’ai déjà constaté qu’ils sont paresseux », a tonné le président.

Mais, étonnamment, le chef de l’Etat et son porte-parole ne voient pas les choses de la même manière.

Alain Diomède Nzeyimana est d’un autre avis. Il a en effet affirmé que la demande pour les fertilisants a beaucoup augmenté, et que la production a été insuffisante parce qu’elle n’a pas pu s’y adapter. Selon le porte-parole du chef de l’Etat, la raison est que la population a répondu massivement à l’appel du président à redoubler la production agricole. Affirmation faite au cours de l’émission publique des porte-paroles des institutions du 15 juillet dernier.

« La question relative aux fertilisants FOMI, ce n’est pas une question banale. Les agriculteurs ont cultivé, mais ils ont manqué de fertilisants alors qu’ils avaient payé. La cause est connue. Quand le président de la République a lancé un appel aux agriculteurs à redoubler la production, la population a répondu massivement à cet appel. Les terrains cultivables se sont multipliés par deux ou même trois. Ce qui a fait que les fertilisants manquent, parce qu’ils devraient être partagés à plus d’agriculteurs que d’habitude, et pour davantage d’espace. Les agriculteurs qui n’ont pas reçu de fertilisants devront être indemnisés parce qu’ils ont connu une énorme perte », a expliqué Diomède Nzeyimana.

Qui croire ? Qui ne pas croire ?

Quoi qu’il en soit, ce double langage de la part de la présidence ne devrait pas manquer de semer la confusion dans l’esprit des agriculteurs qui, eux, attendent une réponse claire à leurs inquiétudes.

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