Gouvernance

Bururi : L’administratrice de Rutovu dédit le ministre de l’Intérieur et fait payer l’eau donnée par les bienfaiteurs

Un des paysages de la commune Rutovu. © DR

Les habitants de la commune Rutovu en province Burundi se lamentent contre leur administratrice. A l’origine de cette grogne, une nouvelle mesure de leur faire payer de l’eau installée par des bienfaiteurs. Selon ces habitants, Josette Ndayikeza a restauré une obligation qui avait été abolie par le ministre de l’Intérieur, afin d’autoriser à la population de bénéficier gratuitement de l’eau qui n’est pas issue de la Regideso. Ces habitants soupçonnent que cette mesure a été rétablie parce que le mandat de l’administratrice tend vers sa fin et qu’elle veut se sucrer sur leur dos.

Publié le 22 mai 2024 par Rédaction

Josette Ndayikeza, l’administratrice de la commune Rutovu en province Bururi, a récemment réhabilité la Régi communale de l’eau, chargée de la gestion de l’eau dans la commune. La régie avait été supprimée sur décision du ministre de l’Intérieur qui avait interdit de faire payer toute installation d’eau qui n’émane pas de la Regideso. L’administratrice a, par la même occasion, ramené le personnel de cette régie.

Selon les habitants, elle est en train de faire pression sur eux pour qu’ils paient des arriérés des plus de trois ans que cette eau venait de passer sous la mesure du ministre, alors qu’il s’agit d’adductions d’eau installées par des bienfaiteurs. Pour la population, cette opération est illégale parce qu’il n’y a pas une note officielle qui remplace la mesure du ministre.

« Il s’agit de l’eau que le ministère de l’Intérieur, de la sécurité et du développement communautaire avait dit qu’elle est sous sa supervision directe. Il a donné une circulaire aux gouverneurs qui, à leur tour, l’ont remise aux administrateurs avec la précision de ne pas faire payer l’eau. La même mesure a supprimé les régies communales qui étaient chargées de faire payer l’eau dans les communes, mais cet argent disparaissait. Trois mois venaient de passer sans que la population de Rutovu paie cette eau, comme c’est le cas partout dans le pays », témoigne un habitant.

Selon ces habitants, cette mesure survient alors que depuis quelques jours, aucune goutte d’eau ne coule au chef-lieu de Rutovu. Selon eux, des maladies des mains sales, telles des vers intestinaux et de la diarrhée commencent même à se manifester.

Ces mêmes habitants affirment qu’on leur exige de payer des sommes différentes, sans qu’ils sachent sous quelle base ces sommes sont déterminées. Selon eux, les agents de la régie communale font semblant d’effectuer des relevés alors qu’il n’y a pas d’eau et amènent des factures fabriquées de toutes pièces. Celles-ci sont comprises entre 60 mille et 100 mille francs burundais.

Toujours selon ces habitants, certains ont déjà versé cet argent après avoir subi des menaces, d’autres voient leurs adductions d’eau fermées. Mais les commerçants, les gérants d’hôtels, les établissements scolaires et les hôpitaux s’empressent de payer.

La population indique qu’en raison de l’absence d’une mesure régissant cette opération, l’argent collecté est détourné, car aucune adduction d’eau n’a été réparée, alors que les habitants eux-mêmes s’organisaient auparavant pour se cotiser et faire réparer les défections.

Une tâche qui revient normalement à la commune puisque la même note ministérielle précise que ces adductions d’eau doivent être réparées par l’administration avec de l’argent issus des taxes et impôts.

Pour les habitants, c’est juste une façon pour l’administratrice de se faire de l’argent, parce que son mandat tend vers la fin, les élections étant proches.

Ils demandent que cette mesure soit suspendue et que des concertations entre l’administration et la population soient organisées pour échanger sur ce sujet.

La rédaction de la radio Inzamba a appelé par téléphone et envoyé des messages whatsapp à Josette Ndayikeza, l’administratrice, mais son téléphone était injoignable.

De même, nous avons tenté de joindre Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur, pour qu’il s’exprime sur cette situation d’insubordination, mais il n’a pas décroché son téléphone et n’a pas daigné répondre à nos messages whatsapp qui lui sont pourtant parvenus.

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