Trois médecins de l’hôpital de Muyinga ont été suspendus de leur travail. Ils sont en conflit avec le médecin directeur de l’hôpital. Et pour cause, les trois médecins seraient les promoteurs des revendications des primes de travail. Les autorités sanitaires de Muyinga refusent de s’exprimer sur ce cas. De son côté, un expert du droit, lui, estime que c’est un abus de pouvoir.
La suspension de ces trois médecins de l’hôpital de Muyinga date du 15 janvier 2021. Dr Willy Kwizera, Dr Sylvie Ngabire et Dr Jean Sinzobatohana ont été suspendus pour une période de quinze jours, période durant laquelle ils n’ont pas le droit de circuler dans les enceintes de l’établissement. Le médecin directeur de l’hôpital qui a signé sur la lettre leur signifiant la sanction, les accuse d’insubordination, d’inciter le reste du personnel à la révolte et de lancer des messages de haine. Ces médecins auraient tenu des propos mensongers dans leur lettre de réclamation, avec l’objectif d’appeler les agents de l’hôpital au boycott général du travail, selon toujours la lettre de suspension.
Cette mesure a fait suite à la lettre de doléances adressée au directeur en fin de semaine dernière. Parmi les dix signataires du conseil médical sur cette lettre figurait Dr Willy Kwizera. Ils demandaient à leur chef d’octroyer au personnel la prime de performances comme stipulé par le règlement et comme cela se fait dans d’autres structures sanitaires de même niveau. Selon des sources à Muyinga, les concernés auraient décidé de dénoncer les vices de procédures de cette suspension, certaines autorités sanitaires provinciales de Muyinga auraient même déjà été saisies. La radio Inzamba a tenté de joindre le médecin directeur de l’hôpital de Muyinga, Dr Abadie Munyentwari, pour de plus amples informations, mais il n’a pas décroché son téléphone, quant au directeur provincial de la santé, Dr Eric Nkunzimana, il n’a pas voulu s’exprimer.
Un abus de pouvoir
Me Vital Nshimirimana, avocat et ancien président du syndicat du personnel de la justice, se dit surpris par la réaction qu’il qualifie d’excessive du directeur de l’hôpital. Selon cet avocat, « il est du devoir des travailleurs de dénoncer les actes de malversations et de mauvaise gestion qu’ils constatent dans leur service et, dans ce cas, poursuit-il, ils sont récompensés pour leur acte de bravoure et non sanctionnés, car il y va de l’intérêt de ce service, des travailleurs et des bénéficiaires. » L’actuel président du Forum pour le renforcement de la société civile, FORSC, estime que le grand perdant de la mauvaise gestion d’un hôpital est la population qui va manquer les services qui lui étaient destinés. Mais il a indiqué avec regret que « ce qui se passe à l’hôpital de Muyinga est à l’image des autres services publics où sévissent la corruption et d’autres actes de mauvaises gestion devenus le mode de fonctionnement du gouvernement actuel », et que ce n’est donc pas étonnant de voir que ceux qui font leur devoir sont sanctionnés.
Les victimes méritent le soutien de leurs collègues
« Les travailleurs, à travers leurs organisations syndicales, le comité d’entreprise et tous ceux qui sont, de près ou de loin, concernés par la gestion de cet hôpital, détaille Vital Nshimirimana, doivent tous se lever pour défendre les intérêts de cet établissement. Parce que l’hôpital étant un bien public, quand il se porte mal, c’est la population qui en subit les conséquences », dit-il. L’ancien syndicaliste a conclu par un appel aux autorités sanitaires provinciales et nationales pour rétablir les médecins sanctionnés dans leurs droits, et de poursuivre les auteurs et leurs complices de la mauvaise gestion et de malversation des biens de cet hôpital.