Il n’y a pas de cas de disparitions forcées au Burundi. C’est ce qu’a déclaré Evariste Ndayishimiye, président de la République, sur les ondes de RFI. Des propos condamnés par l’opposition qui estime qu’ils ne font que remuer le couteau dans la plaie des familles des victimes qui n’ont même pas pu enterrer dignement les leurs. Pour Charles Nditije, président du parti UPRONA, aile non reconnue par le pouvoir de Gitega, cela montre que de tels crimes sont commandités par les dirigeants au plus haut niveau, qui garantissent ainsi l’impunité des auteurs.
Dans une interview exclusive accordée à Radio France internationale, RFI, le président burundais Evariste Ndayishimiye nie la persécution et l’emprisonnement arbitraire des membres des partis de l’opposition. Pour lui, ce ne sont que des criminels qui se cachent derrière les partis politiques qui sont appréhendés.
« Les criminels veulent toujours se cacher dans des partis politiques. Un criminel reste un criminel. Il n’a pas de parti politique. Il n’a rien. Il fallait plutôt dire celui-là qui a été arrêté, est-ce pour des raisons politiques ou est-ce un criminel ? Donc ce que nous faisons effectivement, c’est faire du pays un Etat de droit. Si vous êtes criminels, nous avons l’obligation de protéger nos citoyens, de poursuivre et de juger les criminels », a justifié le Chef de l’Etat.
Un avis pourtant souvent contredit par différentes déclarations et communiqués du parti CNL de l’opposition, le plus affecté par ces arrestations, demandant que cessent la persécution et les arrestations arbitraires de ses membres.
Dans la foulée, le président burundais Evariste Ndayishimiye a également nié l’existence des cas de disparitions forcées dans le pays. « En tout cas, à ce que je sache, il n’y a pas de disparitions forcées au Burundi. Sinon vous me diriez un nom, telle personne a disparu. Ce que je sais aussi, c’est qu’il y a des criminels qui, juste après la commission du crime, vont au Rwanda. Nous n’avons pas le droit d’aller fouiller au Rwanda. Les gens disent qu’ils sont disparus, mais je sais qu’ils sont quelque part », a-t-il martelé.
L’opposition choquée
Pour Charles Nditije, président du parti UPRONA non reconnu par le gouvernement, par exemple, la déclaration du président Evariste Ndayishimiye qui nie les disparitions forcées est inqualifiable. Selon lui, c’est la preuve que ce sont les autorités burundaises qui commanditent ces assassinats et protègent les présumés auteurs de ces crimes.
« Ces propos traduisent le déni de la réalité, caractéristique du régime CNDD-FDD. C’est aussi le signe d’une arrogance, un mépris, un manque de respect envers les victimes mais également envers les familles éprouvées. Cela consacre les crimes et renforce l’insécurité un peu partout, puisque c’est le règne de l’impunité, on encourage les criminels. C’est également l’expression de l’intolérance politique qui fonde même le système du CNDD-FDD, qui refuse toute voix dissonante, qui refuse le débat contradictoire, qui refuse le multipartisme, qui refuse par conséquent la démocratie plurielle. Donc c’est un pouvoir dictatorial qui ne respecte pas les droits l’homme », tranche l’opposant.
Evariste Ndayishimiye s’est exprimé sur d’autres questions, notamment concernant les réfugiés. Le Chef de l’Etat a indiqué, d’un ton ironique, que ces derniers sont allés demander les documents de voyage avant de prendre le chemin de l’exil, et qu’ils pourront donc retourner de leur plein gré, parce que pour lui, aucune menace ne pèse sur eux dans le pays.