Justice

Le maintien de Christa Kaneza en prison commandité d’ « en-haut »

Publié le 6 février 2021 par Rédaction

L’ombre plane dans la libération manquée de Christa Kaneza malgré la décision de libération provisoire ordonnée par le tribunal de Grande instance de Muha. L’inexécution de l’ordonnance est interprétée comme un bras de fer entre des hautes personnalités dont certaines s’opposent à la libération de la jeune veuve. Enquête.

Christa Kaneza et Feu Thierry Kubwimana

Dans son investigation, la radio Inzamba Agateka Kawe a appris, par des sources proches du dossier, qu’un bras de fer s’est engagé après que le tribunal de grande instance de Muha se soit réuni lundi en mairie de Bujumbura dans sa chambre de conseil. L’objet était d’analyser la libération provisoire ou le maintien en détention de Christa Kaneza. L’accusée avait d’ailleurs comparu dans la séance de la chambre de conseil.

Le lendemain mardi, poursuivent les mêmes sources, le tribunal de grande instance de Muha a rendu le verdict issu de la chambre de conseil la veille, et a ordonné la libération provisoire de Christa Kaneza.

Une main derrière un ordre de ne pas la libérer

Les sources précisent que l’ordonnance de mise en liberté provisoire a été transmise au directeur de la prison de Mpimba, vers 17h le mardi. Mais à peine le directeur de l’établissement pénitentiaire avait-il reçu le document qu’une tierce personne, qui se serait elle-même qualifiée d’ « émissaire d’une personne» lui a donné l’ordre de ne pas exécuter l’ordonnance du tribunal. Il a menacé le directeur de le mettre dans la cellule de Christa s’il la libérait. Selon nos sources proches du dossier Christa Kaneza et Consorts, l’émissaire en question était le directeur de la documentation intérieure, Innocent Museremu.

Le président Evariste Ndayishimiye avait pourtant promis sa libération !

Innocent Museremu, Directeur de la documentation intérieure

La famille de Christa a voulu savoir pourquoi elle tardait à être libérée. Ils se sont adressés au directeur de la prison de Mpimba, mais celui-ci, gêné, les a renvoyés à Innocent Museremu, l’émissaire de la personne d’ « en-haut » qui a fait avorter la libération ordonnée par le tribunal, ont poursuivi nos sources. Mais se rendant compte que les choses prenaient une autre tournure, les proches ont préféré prendre leurs distances.

Des sources proches de la famille de Christa Kaneza indiquent que la famille avait approché le président Evariste Ndayishimiye pour demander sa libération. La requête se serait soldée par la promesse d’une libération provisoire de Christa Kaneza.

L’absence d’un recours écrit à la libération de Christa Kaneza, un signe qui ne trompe pas

Dans ses investigations, la radio Inzamba a découvert qu’il n’y a pas eu de recours écrit à la décision rendue par le tribunal de grande instance de Muha, seule option officielle qui aurait justifié la non-exécution de l’ordonnance de libération. Le recours en question devait se faire dans les 48 heures suivant l’heure de la décision de la libération provisoire, comme prévu par la loi. Mais nos sources proches du tribunal indiquent que jusqu’au moment de la rédaction du présent article, il n’existait aucune preuve ou trace d’un moindre recours s’opposant à la décision du tribunal de grande instance de Muha.

Rappelons que Christa Kaneza a été arrêtée le 22 janvier 2021. Elle est accusée de complot dans l’assassinat de son mari Thierry Kubwimana dans la nuit du 25  janvier 2020. Christa Kaneza est incarcérée avec deux coaccusés dans cette affaire.

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