Voilà cinq ans, jour pour, disparaissait Jean Bigirimana, reporter du journal Iwacu. Le groupe de presse Iwacu et les professionnels des médias n’ont, depuis, cessé d’exiger des enquêtes sur sa disparition forcée, mais toujours pas de nouvelle.
Le journaliste Jean Bigirimana a été vu pour la dernière fois le 22 juillet 2016 à Bugarama, dans la commune et province Muramvya. Selon des témoins, il a été arrêté et embarqué dans une camionnette aux vitres teintées appartenant au service national des renseignements. Cinq ans après, personne ne sait ce qui est arrivé au journaliste Jean Bigirimana.
Pourtant, depuis le lendemain de sa disparition, la police burundaise et la Commission nationale indépendante des droits de l’homme ont déclaré avoir ouvert des enquêtes sur son cas, mais, jusque-là, personne n’en connait l’issue.
Dans un communiqué sorti ce jeudi, l’Union burundaise des journalistes a déploré l’inertie de la justice burundaise, qui laisse la famille de Jean Bigirimana et celle des journalistes burundais en général, dans l’ignorance totale de ce qui s’est passé au cours de cette triste journée du 22 juillet 2016.
« Nous exhortons à nouveau la justice burundaise à se mettre à l’œuvre et à ne pas rester silencieuse et laxiste face aux multiples appels pour que la disparition de Jean Bigirimana ne reste pas impunie et qu’enfin sa famille sache la vérité », a appelé Alexandre Niyungeko, président de l’UBJ.
Quant à Arnaud Froger, chef du département Afrique de Reporters sans frontières, il regrette qu’aucune enquête n’ait été menée sur les corps sans vie découverts dans la rivière Mubarazi, deux semaines après la disparition de Jean Bigirimana.
« C’est précisément un phénomène qui nous permet de dire qu’il est victime de disparition forcée. Son corps n’a jamais été retrouvé. Nous pensons qu’il a été tué, surtout qu’aucune enquête n’a jamais été faite jusqu’aujourd’hui. Je rappelle qu’il y a deux corps qui ont été retrouvés deux semaines après sa disparition, mais aucune analyse ADN n’a jamais été faite sur ces corps. C’est vraiment regrettable cinq ans d’opacité totale de la part des autorités », a-t-il dit.
Arnaud Froger a également indiqué que lui et son organisation ont suivi sur RFI le président Evariste Ndayishimiye qui a nié l’existence des disparitions forcées au Burundi. « Nous n’avons pas été satisfaits des réponses données à RFI par le président burundais », a affirmé M. Froger.
« Reporters sans frontières rappelle aux autorités burundaises leurs obligations internationales en matière des droits humains pour établir la vérité, garantir l’application de la justice et l’obligation de rendre des comptes dans le cas de Jean Bigirimana et dans d’autres affaires similaires », a conclu Arnaud Froger de RSF.