Mise en garde contre les corrompus, des corrupteurs et des paresseux. Le président Evariste Ndayishimiye n’a pas lésiné sur les mots dans son discours au cours du congrès du CNDD-FDD à Gitega, le dimanche 24 janvier 2021. Mais l’opposition reste sceptique.
Il a pris la parole après l’élection de son successeur à la tête du parti présidentiel dans la capitale politique de Gitega. Le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a averti les membres de son parti sur les actes de corruption ou de paresse. Il a promis que quiconque sera reconnu coupable rendra d’abord ce qu’il aura détourné, avant d’être traduit en justice. « Nous voulons décourager les personnes qui sont rémunérées alors qu’elles n’ont rien fait. Certains avaient adopté la malversation et la corruption comme mode de vie. Désormais, toute destitution aura un caractère de révocation. Il ne sera pas seulement renvoyé, mais il sera aussi indésirable dans toutes les institutions publiques. Avant, les fonctionnaires volaient sans soucis, et après avoir été jugés, ils attendaient de finir leur peine pour rentrer chez eux pour commencer à profiter de ce qu’ils avaient volé. Cette fois-ci, tu devras rembourser ce que tu auras volé avant d’être jugé. Avant de quitter ici, repentez-vous ! », a conseillé le président.
L’opposition ne se laisse pas berner
Ce discours pourtant plein de bonnes intentions ne rassure pas le parti UPRONA de l’opposition pour lequel ce n’est pas la première fois qu’Evariste Ndayishimiye tient un tel discours qui n’aura aucun effet. Le président Ndayishimiye ne serait pas libre pour mettre en application ses décisions. Charles Nditije, président de l’UPRONA de l’opposition, prend pour exemple son discours sur la déclaration des biens des membres du gouvernement. « Il avait demandé, conformément à la Constitution, que les ministres déclarent sur l’honneur leurs biens à leur entrée en fonction. Mais quelque temps après, il s’est dédit en disant que les biens d’une personne sont la vie privée de leur propriétaire et que personne n’a le droit de s’immiscer. On sent que les ténors du régime, qui sont les prédateurs de la République, lui ont probablement intimé l’ordre de dire le contraire de ce qu’il avait annoncé. On comprend donc qu’il n’aurait pas les coudées franches et ce qu’il dit ne sert qu’à faire plaisir et distraire l’opinion, tant nationale qu’internationale. Parce que nous savons que ses généraux sont plus forts que lui », a conclu l’opposant.
En plus de ces inquiétudes du parti Uprona, d’autres observateurs sont pessimistes quant à la mise en application du discours du Chef de l’Etat. Ils expliquent leur sentiment par la suppression des institutions specialisées en matière de lutte contre la corruption qui ont été fermées. Ils estiment que cela constitue une preuve que la lutte contre la corruption n’est pas dans les priorités du régime Ndayishimiye.