Ce que craignaient les défenseurs des droits de l’homme a failli se produire. Le médecin soupçonné d’avoir violé une adolescente a été acquitté par le tribunal de Grande instance de Rumonge. Mais le parquet a immédiatement fait appel et l’a fait maintenir en prison.
Il était plus que temps. Les habitants de la province Rumonge étaient impatients de voir le tribunal de Grande instance de Rumonge se prononcer sur ce procès de flagrance qui s’est tenu ce mercredi. Mais autant leur impatience était grande, autant leur déception est incommensurable. Car, dans la mi-journée de ce jeudi, le tribunal de grande instance de Rumonge a acquitté le médecin. « Quelle justice digne de ce nom peut oser acquitter un tel criminel ? » s’est indigné un habitant qui a assisté au verdict.
Cependant, non satisfait de la décision du TGI, le parquet a fait appel, et le médecin doit rester en détention. Les dernières informations indiquent en effet que le médecin a par la suite été acheminé vers la prison centrale de Rumonge à Murembwe, où il devra attendre la suite de son procès.
Le ministère public représenté par le parquet avait requis contre lui quinze ans d’emprisonnement. La famille de la victime, elle, a demandé une indemnisation de 500 mille francs burundais et une somme de 130 mille francs correspondant aux frais liés à ce procès.
Pour rappel, Gilbert Niyonkundiye, le médecin-chef du centre de santé Cabara en zone Kigwena de la commune et province Rumonge, est accusé d’avoir violé une patiente, une fille mineure de seize ans.
A la barre, le médecin a reconnu les faits, affirmant avoir introduit des doigts dans l’appareil génital de la jeune fille avec son consentement, mais qu’il l’a fait pour une urgence, mais n’a pas expliqué le type d’urgence dont il s’agissait. Le ministère public, lui, qualifie l’acte de viol.
« Deux procès-verbaux montrent que le médecin reconnait la faute. Il s’agit du procès-verbal du parquet et celui de la police judiciaire, a précisé un défenseur des droits de l’homme, qui n’a pas caché son étonnement : et je ne comprendrai jamais la décision du TGI ».
Des informations à Rumonge indiquent que ce n’est pas la première fois que le médecin viole un patient. « Des cas similaires se sont produits, mais l’affaire avait toujours été réglée à l’amiable », selon un habitant qui a affirmé être voisin de la famille d’une ancienne victime.
Depuis l’arrestation du médecin la semaine dernière, les défenseurs des droits de l’homme à Rumonge avaient émis leurs inquiétudes, selon lesquelles il y avait des tractations pour la libération de Gilbert Niyonkundiye, un éminent membre du CNDD-FDD.
Car en effet, Jean-Claude Ndikumasabo, directeur provincial de la santé à Rumonge, en complicité avec des responsables du parti au pouvoir, manœuvrait pour sa remise en liberté. Ils auraient même tenté d’acheter le silence du père de la victime. « C’est ce qui expliquerait le report à deux reprises de son procès en flagrance », selon un autre défenseur des droits humains.