Des arrestations et des actes de persécution des membres des familles et des voisins de présumés rebelles s’observent depuis l’année dernière en commune Burambi, province Rumonge. C’est une violation du principe de droit qui veut que la responsabilité pénale soit individuelle, selon un expert du droit.
Les habitants de Maramvya sont la cible de persécutions de la part de la police depuis le mois de mars 2020. La police recherchait, depuis 2016, Déo Niyongabo connu également sous le pseudonyme de Côme. Les policiers l’ont retrouvé et tué dans une opération conjointe avec l’armée, le samedi 16 janvier 2021. Son épouse et son fils avaient déjà été arrêtés et sont jusqu’aujourd’hui en détention dans la prison de Rumonge depuis mars 2020. Une arrestation que les voisins qualifient d’injuste.
A la suite des attaques de groupes armés dans les communes de la province Rumonge l’année dernière, les arrestations se sont multipliées parmi les proches et membres de la famille de feu Deo Niyongabo. Le porte-parole de la police a déclaré sur la radio BBC qu’au moins 12 personnes ont déjà été arrêtées. Dans une réunion tenue avec la population de la commune Burambi mardi 19 janvier, le gouverneur de la commune Rumonge avait affirmé que les groupes armés avaient été démantelés, lançant un avertissement aux habitants de cette commune en leur demandant « de changer ».
« Ces arrestations sont arbitraires, la responsabilité est individuelle »
Pour maitre Janvier Bigirimana, avocat, ces arrestations violent le principe de droit qui prévoit que la responsabilité pénale est individuelle. « Nous avons appris qu’il y a beaucoup de personnes membres des familles de ceux qui étaient recherchés qui ont été emprisonnées, alors qu’elles n’avaient commis aucune infraction. La police et la justice burundaises devraient se ressaisir pour appliquer correctement la loi et surtout le principe qui établit que la responsabilité est individuelle », précise-t-il. Selon lui, ce principe figure aussi bien dans le code pénal burundais que dans des conventions internationales que le Burundi a ratifiées.
« La police n’a pas le droit de qualifier les infractions des personnes arrêtées »
Maitre Janvier Bigirimana déplore également le fait que la police condamne des personnes fraichement arrêtées en dressant précipitamment une liste des infractions supposées être à leur charge. « Un autre aspect qui est inquiétant, poursuit-il, est que le porte-parole de la police se précipite toujours à dresser une liste d’infractions supposées avoir été commises par les personnes fraichement arrêtées. Pour nous, c’est de la précipitation et de l’exagération, car il n’y a que les instances judiciaires qui sont habilitées à pouvoir déterminer dans quelles conditions et quelle infraction une personne peut avoir violé la loi pénale », conclut-il.
Les habitants de Burambi s’insurgent contre les agissements de la police et de l’administration. Tout récemment, ils disent avoir été indignés par l’arrestation de personnes dont un homme âgé qui ont été exhibés devant le public, comme étant des auteurs des crimes alors qu’ils jouissent encore de la présomption d’innocence.
Photo Illustration : ©Reuters