Une veuve soupçonnée d’avoir trempé dans l’assassinat de son mari a été arrêtée ce mardi par la police judiciaire. Les défenseurs des droits de l’homme ainsi que les familles respectives du couple dénoncent un assassinat commandité.
La femme arrêtée ce mardi est la veuve de Thierry Kubwimana tué dans la nuit du 24 au 25 novembre 2020 à son domicile à Gasekebuye, au sud-est de la mairie de Bujumbura. Christa Kaneza, la veuve, est accusée de complicité avec les assassins de son mari, selon la police judiciaire. A l’issue d’un interrogatoire, elle a été directement emmenée à la prison centrale de Mpimba.
Pacifique Nininahazwe, défenseur des droits de l’homme et promoteur du programme NDONDEZA et qui suit de près le dossier, indique que les assassins de Thierry Kubwimana sont connus mais bénéficient d’une protection. Impliquer sa veuve, c’est vouloir torpiller les vraies pistes des enquêtes qu’il faudrait mener, a-t-il estimé, déclinant avec précision des éléments sur lesquels l’enquête aurait dû se baser. « Après avoir tiré sur Thierry Kubwimana, les assassins ont oublié un téléphone à la résidence de la victime. L’appareil contenait un nombre important d’indications sur le propriétaire dont sa photo, et nous espérions que les messages et les appels précédant l’attaque allaient permettre à la police de mener rapidement l’enquête et de trouver les assassins, » déplore-t-il. « Malheureusement, poursuit-il, et curieusement, pendant plus d’un mois et demi, la police semblait ne pas être intéressée de retrouver rapidement le propriétaire du téléphone ».
Un changement subit et étrange
L’attitude de la police judiciaire montre qu’elle a d’autres fins pour ne pas mener à bon port les enquêtes liées à cet assassinant, toujours selon Pacifique Nininahazwe. Le défenseur des droits de l’homme qui précise le tournant de cette affaire qui a mené à l’arrestation de la jeune veuve. « Les choses ont changé très rapidement la semaine dernière lorsque l’officier chargé des enquêtes a donné rendez-vous à un des proches de la victime, l’enquêteur en chef avait emmené un homme dans son véhicule et l’homme a avoué qu’il avait tué Thierry Kubwimana. Un fait surprenant, s’étonne Pacifique Nininahazwe. Comment ça se fait-il qu’un officier de police se permet de trimbaler un criminel de ce calibre et qui avoue spontanément et aisément avoir commis un meurtre ? Et pourquoi cet officier avait besoin de rencontrer des membres de la famille de la victime dans un lieu autre qu’un bureau de la police ? Quelles étaient ses intentions ? » s’est-il interrogé.
La police tranche, la famille outrée
Le matin de ce mercredi 20 janvier, le porte-parole du ministère de la sécurité, Pierre Nkurikiye, a présenté à la télévision nationale ceux qu’il a présentés comme étant les auteurs de l’assassinant en complicité avec la veuve Christa Kaneza, qu’il a qualifiée de criminelle.
Les proches dans la famille rejettent les accusations de la police et demandent la libération immédiate de la veuve qu’ils disent victime d’une machination et pour qu’elle puisse s’occuper de son jeune bébé de moins de 5 mois que lui a laissé son mari. « On ne comprend rien de ce qui se passe, témoigne une proche. Comment faire porter un tel crime à une aussi jeune maman ? Le gouvernement doit tout faire pour la relâcher, elle a un jeune bébé qu’elle allaite. On peut même chercher une personne qui se porte garante qu’elle ne cherchera pas à s’échapper », s’émeut-elle.
Thierry Kubwimana, a été tué à 29 ans après trois mois seulement de mariage avec son épouse, juste âgée de 18 ans. Le défunt travaillait dans une société minière Tanganyika Mining Burundi, gérée par des Russes, avant de se mettre à son propre compte.
