En 2025, toutes les communes du Burundi auront accès à l’électricité. Ainsi a promis le président de la république du Burundi Evariste Ndayishimiye. C’était dimanche 28 février dans la commune de Buraza en province Gitega où les membres CNDD FDD célébraient la victoire de ce parti dans cette commune. Une promesse irréalisable selon des experts du domaine.
Devant des Bagumyabanga en liesse venus des différents coins du pays, Evariste Ndayishimiye était en terrain conquis. Le président du Conseil des sages du parti CNDD-FDD et en même temps président de la République, a entre autres promis que toutes les communes du pays seront alimentées en électricité dans les quatre ans à venir. « Je voudrais vous rassurer pour l’électricité, et j’en répondrai personnellement si vous ne l’avez pas d’ici 2025. Nous ne voulons pas une seule commune qui reste sans raccordement électrique d’ici 2025 », s’est-t-il juré. « Nous allons commencer à travailler, et on ne peut rien faire sans courant. Nous voulons être informés instantanément sur les activités de l’administrateur. Comment cela peut être possible s’il n’y a pas d’électricité pour lui permettre d’utiliser un ordinateur ? » a insisté le Chef de l’Etat.
« Une projection irréaliste »
Selon l’ingénieur Albert Nsengiyumva, chercheur à l’Université de Liège en Belgique dans le domaine de l’énergie, la REGIDESO a publié en 2017 des données montrant différents scénarios sur l’installation du courant électrique à travers le pays. Et c’est sur cette base que l’expert démontre que ce projet est irréalisable pour cette période. « Les chiffres de la REGIDESO ont montré que le taux de desserte au niveau national était de 29,47%, le taux de couverture de 24,47%, et le taux d’accès ou d’électrification était de 7,21%. Et depuis, la situation ne s’est pas améliorée, compte tenu de la crise », a-t-il constaté.
Ces statistiques montrent, selon lui, qu’au Burundi plus de deux ménages sur trois vivent dans des endroits sans réseaux électriques. Et, pessimiste, il poursuit sa démonstration : « Déjà, pour produire du courant rien que pour ces 24,47%, il fallait avoir trois fois la production de 2016 qui était à 287,4 gigawatts. Bon d’accord, imaginons que ces travaux sont faits : on aura alors électrifié les zones couvertes, plus les 7,21% déjà servis, ce qui ferait un total de 31,68%. Pour moi donc, c’est mission impossible, sauf s’il voulait parler d’électrifier seulement les bureaux communaux », a-t-il conclu.
Jusqu’aujourd’hui, seuls les chefs-lieux des différentes provinces bénéficient de l’électricité. Les quelques autres localités sont alimentées ici et là grâce à des ressortissants qui ont occupé des postes clés au sein du gouvernement, constate l’ingénieur Albert Nsengiyumva.