La visite du ministre burundais des Affaires étrangères Albert Shingiro dans les pays européens témoigne de l’extrême pauvreté qui sévit au Burundi. Aujourd’hui, le pouvoir implore les pays qu’il a tant injuriés comme étant de simples colonisateurs. C’est une lecture du mouvement Map Burundi Buhire. Emery Pacifique Igiraneza, son président, indique que ce serait l’une des raisons qui auraient poussé à ce que le ministre ne soit reçu que par de simples équipes techniques et non par ses homologues.
Albert Shingiro est en Europe depuis fin de la semaine dernière. Cette visite du chef de la diplomatie burundaise dans le Vieux Continent est considérée par nombre d’observateurs comme une honte pour le Burundi qui a déjà atteint les abysses de la pauvreté – le dernier classement de 2020 de la Banque Mondiale le place en première position des pays les plus pauvres, pour une enième fois de suite (ndlr). Et pourquoi alors les dirigeants tiennent des propos injurieux envers les Européens qu’ils qualifient notamment de colonisateurs ? Le Mouvement d’action patriotique MAP Burundi Buhire s’interroge.
« Shingiro se rend en Europe pour des raisons évidentes. La pauvreté au Burundi a atteint un niveau qu’elle n’avait jamais atteint dans l’histoire de ce pays. Il suffit seulement de considérer le PIB par habitat de 267 dollars américains pour se rendre compte de combien nous nous enfonçons dans la pauvreté. C’est le résultat d’un leadership médiocre et du manque de capacité des dirigeants à écouter quand des gens les avertissent », fait remarquer Emery Pacifique Igiraneza, président du MAP, avant de poursuivre : « Maintenant ils reviennent pour supplier ces mêmes personnes qu’ils ont insultées, calomniées. La visite de Shingiro sera un de ces rares moments où la communauté internationale le remettra à sa place. De manière très diplomatique, il sera traité comme un simple technicien qui rencontrera juste des équipes techniques dans les pays qu’il compte visiter avec peu de chance d’être reçu par ses homologues ministres des Affaires étrangères », tranche-t-il.
Albert Shingiro, le négationniste invétéré
Quand Albert Shingiro était le représentant permanent du Burundi auprès des Nations Unies, il a tenu des propos allant dans le sens de nier le génocide des Tutsis du Rwanda en 1994. « Permettez moi de rappeler au représentant du Rwanda que le Burundi n’a pas de leçons à recevoir de ce pays. A sa place je me serais tu. C’est un pays qui se dit victime d’un génocide présumé. Donc ce n’est pas une bonne référence pour les droits de l’homme », avait alors déclaré Albert Shingiro.
Avec ces propos, il en résulte l’image même d’un personnage que communauté internationale préfère éviter. Et pour le Map Burundi Buhire : « Il est triste que le Burundi ait des dirigeants méprisés par le reste du monde en raison de leur arrogance et de leurs insultes envers le monde, y compris l’Union Européenne. Ils les traitaient de colonisateurs, maintenant ils reviennent pour quémander que ces mêmes colonisateurs puissent les aider. Vous savez que Shingiro est la mauvaise personne pour représenter le Burundi dans ces discussions. Nous parlons ici d’un chef de la diplomatie burundaise qui a nié le dernier génocide du vingtième siècle, celui des Tutsis du Rwanda en 1994. De plus, il représente un gouvernement dont les actes actuels font craindre un autre génocide au Burundi. Si cette personne avait fait le négationisme du génocide des Juifs, serait-elle reçue par ces Etats européens? Je pense que non », s’insurge Emery Pacifique Igiraneza, président du MAP.
Le mouvement Map Burundi Buhire demande à ce que le respect des droits de l’homme et le rétablissement d’un Etat de droit au Burundi soient des conditions sine qua none de la reprise de la coopération entre le Burundi et l’UE.