Sécurité

Muramvya : Une embuscade d’hommes armés fait onze morts et une dizaine de blessés

Publié le 11 mai 2021 par Rédaction

Drame à Muramvya au centre du pays. Quatre véhicules ont été pris dans une embuscade tendue par des hommes armés. Bilan : Onze morts et une dizaine de blessés selon des sources de l’hôpital de Muramvya.  L’attaque a eu lieu sur la route nationale RN2 en province Muramvya. Deux véhicules ont été incendiés selon des sources sur place.

L’embuscade a été tendue dans la commune Muramvya, à quelques kilomètres du centre de la province éponyme. Il était exactement 19h35 minutes sur la Route Nationale numéro deux, près de l’antenne de la Croix Rouge, précise un témoin.

Les mêmes sources indiquent que les auteurs de l’attaque ont bloqué la route à l’aide de pierres avant de tirer sur les passagers se trouvant à bord de 4 véhicules et de faire exploser des grenades. Des passagers ont été tués par balles, d’autres sont morts calcinés dans les voitures brûlées.

Au total 11 personnes étaient déjà mortes au matin de ce lundi, selon une source de l’hôpital de Muramvya qui a recueilli les dépouilles des victimes et les blessés. Huit sont mortes sur le champ, les 3 autres ont rendu l’âme après leur évacuation dans cet établissement hospitalier.

Parmi les victimes figure un haut gradé de l’armée burundaise, le Colonel Onesphore Nizigiyimana.  Il   était membre des Forces militaires de réserve de l’Afrique de l’est (East African Standby Force) basées à Addis-Abeba en Ethiopie. Un de ses enfants est mort calciné. Sa femme et ses deux autres enfants ont été blessés, selon des sources à Muramvya.

A la suite de cette embuscade, le président Evariste Ndayishimiye a publié un tweet dans lequel il condamne cette attaque qu’il attribue à des voleurs. Le chef de l’Etat  a rejoint ainsi la déclaration de la police qui a réagi aussitôt après l’attaque par un tweet, parlant de « huit morts dans un vol à main armée ». Pourtant, des sources recueillies sur le lieu du drame affirment que les assaillants n’ont rien volé.

Des arrestations ont ensuite été opérées ce lundi à Muramvya. Ce qui inquiète les habitants de la localité. Ils redoutent des représailles. « Les habitations ont été perquisitionnées très tôt le matin. Seuls les policiers, les militaires, les agents de renseignement et les imbonerakure sont autorisés à s’approcher du lieu de l’attaque. Plusieurs jeunes sont en train d’être arrêtés et conduits à bord de pickups vers Muramvya. Ils sont victimes de leur appartenance à des partis de l’opposition », témoigne un habitant.

Jusqu’à l’heure de la diffusion de cet article, la police n’avait fait aucune déclaration par la voie des médias pour donner un nouveau bilan de cette attaque ou le nombre de personnes déjà interpellées dans le cadre de l’enquête sur ce dossier.

Il faut des enquêtes rapides et responsables

L’attaque a vite fait réagir nombre d’observateurs dont des défenseurs des droits de l’homme. C’est le cas du Forum pour la Conscience et le Développement, FOCODE, qui demande aux autorités burundaises d’enquêter le plus rapidement possible et de manière responsable sur ce crime. « Nous avons été surpris, hier soir, qu’en moins de deux heures après l’attaque, la police burundaise parle déjà de vol à main armée alors qu’elle n’avait pas encore mené de véritables enquêtes », s’est étonné Pacifique Nininahazwe, président du FOCODE.

Et de poursuivre, en se référant à l’histoire du pays : « Nous avons vu dans le passé, des situations similaires ou des groupes étaient taxés de « bandits armés », mais aujourd’hui, ces anciens bandits armés sont les dirigeants actuels du Burundi. C’est pourquoi il est très important dans ce genre de situations que toute la lumière soit faite et qu’une véritable information soit donnée à la population burundaise, sur les auteurs de ce genre d’attaques et sur leurs mobiles », conseille Pacifique Nininahazwe.

Jugeant inhabituel le tweet du Chef de l’Etat qui compatissait avec les familles des victimes, le président du FOCODE a lancé : « Je voudrais également dire que j’ai fort apprécié le message de condoléances adressé par le président Evariste Ndayishimiye aux familles éprouvées. C’est la toute première fois qu’il fait une telle chose, alors que depuis qu’il est au pouvoir, beaucoup d’autres citoyens ont été tués et beaucoup d’autres ont disparu après avoir été arrêtés par des services de l’Etat ».

« Le président s’est engagé dans son Tweet, qu’il va neutraliser les groupes qui sont en train de tuer les Burundais. Il est très important qu’il joigne l’acte à la parole, en combattant, en arrêtant et en sanctionnant toutes les personnes impliquées dans des meurtres, y compris ceux qui sont dans les services sous son contrôle », a conclu Pacifique Nininahazwe.

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