Le 30 juillet est la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains. Une date qui rappelle une triste réalité, qui n’est un secret pour personne au Burundi. Selon l’Observatoire de lutte contre la criminalité transnationale, plus de 300 femmes et filles ont été vendues dans les pays du Golfe depuis le début de l’année. Dans un communiqué sorti à l’occasion de cette Journée, l’ONU demande aux gouvernements de sévir contre les personnes impliquées dans ce trafic.
Les rapports des défenseurs des droits de l’homme montrent que le trafic des êtres humains au Burundi est un secret de polichinelle. Selon le président de l’Observatoire national de lutte contre la criminalité transnationale, ONLCT Où est ton frère ?, Prime Mbarubukeye, les résultats des enquêtes menées sur les Burundais victimes du trafic des êtres humains montrent que la situation est alarmante.
« Au moins 303 femmes, filles, hommes et enfants sont tombés entre les mains des trafiquants en 2020, victimes de la traite des personnes, à destination surtout des pays du Golfe arabe, notamment l’Oman, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar, etc. En témoigne aussi le premier cas qui a ouvert cette triste page au début de cette année 2021, le 29 janvier plus exactement, où 16 femmes et filles burundaises hébergées dans une maison de passage à Kahama en Tanzanie, ont été arrêtées par l’Interpol tanzanienne, alors qu’elles s’apprêtaient à se rendre dans les pays du Golfe arabe. De même, en mars 2021 le gouvernement kenyan a remis, via l’Interpol au gouvernement burundais 89 femmes et filles burundaises arrêtées sur le sol kenyan dans une maison close le 26 février 2021, elles ont été directement rapatriées au Burundi, alors que les trafiquants voulaient les embarquer vers la même destination. A cette liste s’ajoutent les 30 femmes et filles qui, au début du mois d’avril 2021, ont été appréhendées par l’Interpol ougandaise, alors qu’elles aussi tentaient de s’envoler vers les pays du Golfe arabe », détaille Prime Mbarubukeye.
Cette organisation indique que les enfants ne sont pas épargnés dans ce genre de commerce. Ils sont surtout transportés en Tanzanie où ils exécutent des travaux durs sans être rémunérés.
« Le trafiquant a développé d’autres stratagèmes, lui permettant ainsi de continuer à opérer, en empruntant d’autres voies, notamment via les provinces frontalières avec les pays de transit dont la Tanzanie, en trafiquant cette fois-ci des enfants et des jeunes garçons, à destination surtout de la Tanzanie en provenance des provinces de Muyinga, Cankuzo, Ruyigi, Rutana, Makamba, Rumonge, etc. 188 enfants et mineurs ont ainsi été déportés vers la Tanzanie au cours de ce premier semestre 2021 pour y être exploités à travers des travaux forcés, tels les travaux champêtres, et surtout le travail domestique. 76 jeunes et enfants ont été déportés à partir de la colline Mpoyoyo, 45 de la colline Nyabihinda, 18 enfants de la colline Murama, 33 enfants et jeunes de la colline Rusumo et 16 enfants de la colline Kavumu », égrène toujours le président de l’ONLCT.
A propos de cette journée, le Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré qu’en cette période de la pandémie du Covid-19, la pauvreté bat des records dans les familles. Une situation qui expose des millions de personnes à la traite. Selon le SG, les chiffres montrent que 124 millions de personnes de plus ont basculé dans l’extrême pauvreté. Des gens malintentionnés en profitent pour s’adonner à la traite des humains. Les plus visés, ce sont les enfants, les femmes et les jeunes filles.
Selon toujours Guterres, les gouvernements doivent réagir urgemment pour renforcer la prévention. Ils doivent accompagner les victimes et traduire en justice les auteurs de ces actes.