Droits de l'Homme

Mugamba : La femme d’un ancien militaire des ex-FAB en exil incarcérée pour répondre des activités présumées de son mari

Publié le 13 août 2021 par Rédaction

La famille d’Evelyne Kamikazi qui vient de passer plus de vingt jours en garde à vue dans les cachots du service national des renseignements demande sa libération. Evelyne Kamikazi est détenue avec son frère. Elle habite la colline Mpota de la commune Mugamba en province Bururi. Elle et son frère ont été arrêtés sur injonction du commissaire communal de police à Mugamba, Moïse Arakaza. Il accuse la dame d’être de mèche avec les groupes armés parce que son mari, ancien militaire des ex-FAB est en exil depuis 2015. 

Evelyne Kamikazi été arrêtée dans la nuit du 18 juillet 2021 avec sa sœur par le commissaire communal de police à Mugamba, Moïse Arakaza. Celui-ci les soupçonne de collaborer avec les groupes armés, arguant que le mari d’Evelyne Kamikazi, issu des ex-Forces armées burundaises, qui a fui le pays en 2015, serait membre de ces groupes armés.

Au lendemain de leur interpellation, le chef de colline Mpota s’est rendu au chef-lieu de la commune Mugamba pour s’enquérir de leur situation, parce qu’elles ont été arrêtées dans la nuit et à son insu. Lui aussi a été mis en garde à vue en même temps que les deux femmes. Deux jours après, le chef de colline Mpota et la sœur d’Evelyne Kamikazi ont été relâchés. Evelyne, quant à elle, a été sortie du cachot de Mugamba pour être embarquée dans une camionnette aux vitres teintées vers le service national des renseignements à Bujumbura.

« Quand elle a été retirée du cachot du commissariat de Mugamba, elle a immédiatement été embarquée dans un pickup. Nous ne connaissions pas sa destination. C’est par après que l’on a eu écho qu’elle serait en garde à vue dans une cellule du Service national des renseignements à Bujumbura. Elle est privée de toute visite. Par après, son frère a également été arrêté. Personne ne sait pourquoi ils ont été arrêtés. Tout ce qu’on sait, c’est que le commissaire communal en veut à Evelyne parce que son mari, un ex-FAB, a fui le pays en 2015, il n’est jamais retourné ici », explique un voisin d’Evelyne Kamikazi.

Le 24 juillet, le frère d’Evelyne, Gérard Bigirimana a été enlevé à Kanyosha en mairie de Bujumbura et embarqué dans un pickup aux vitres opaques immatriculé E 0519 A, selon des témoins de la scène.

Pour leurs proches, ils devraient être libérés sans condition. Pour eux, Evelyne est juste une mère innocente, et la garder en prison revient aussi à porter atteinte aux droits de l’enfant.

« Nous sommes très inquiets pour ses enfants qu’elle a laissés à la maison. Il nous arrive de penser qu’elle a déjà été tuée. Nous demandons sa libération pour qu’elle revienne s’occuper de ses enfants. Quand nous regardons ses enfants, nous voyons que son emprisonnement leur prive de l’affection de leur maman, et ils en souffrent beaucoup, surtout le cadet qui n’a que quatre ans. Nous demandons à ceux qui le peuvent de plaider pour sa libération parce qu’elle est innocente de toutes les accusations portées contre sa personne. Même son frère d’ailleurs », plaide un des proches d’Evelyne.

Evelyne Kamikazi et son frère font partie de nombreuses autres personnes arrêtées ces derniers jours sur ordre du commissaire communal de Mugamba, Moïse Arakaza, alias Nyeganyega. Des habitants de la commune affirment que le commissaire s’en prend particulièrement aux jeunes et aux anciens militaires des ex-FAB, accusant les premiers de collaboration avec les groupes armés, et les seconds de détention illégale d’armes. Selon toujours ces habitants, Moïse Arakaza leur exige ensuite une rançon comprise entre 200 000 et 600 000 francs burundais pour les libérer. Ceux qui ne cèdent pas à son chantage sont alors transférés dans d’autres lieux de détention, avec les mêmes charges, indiquent-ils.

La rédaction de la Radio Inzamba a tenté de joindre Evelyne Butoyi, porte-parole du président de la République, pour éclairer l’opinion sur cette détention d’Evelyne Kamikazi par la police présidentielle, mais en vain.

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