Droits de l'Homme

Les auteurs des crimes commis au Burundi, surtout en 1972, invités à demander publiquement pardon

Publié le 9 septembre 2021 par Rédaction

Bientôt, des opportunités de demander pardon seront offertes aux personnes accusées d’avoir participé aux crimes au cours des crises que le pays a traversées. La Commission vérité et réconciliation a annoncé mardi le lancement imminent de séances publiques auxquelles les coupables seront conviés pour leur repentir. La CVR présentait les conclusions provisoires de ses enquêtes sur les crimes de 1972 en mairie de Bujumbura.

Pierre-Claver Ndayicariye, président de la Commission vérité et réconciliation, semble déjà connaître les coupables des crimes de 1972. Au cours de la présentation de ces conclusions, il a cité les autorités civiles et militaires d’alors, le parti UPRONA qui était au pouvoir, et les jeunes qui lui étaient affiliés rassemblés au sein de la JRR (Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore), comme étant ceux qui ont tué les victimes, à majorité hutues, cette année-là.

L’annonce des séances publiques dédiées au pardon a été faite à Buterere en mairie de Bujumbura où s’est tenue la présentation du rapport de la CVR.

« La Commission vérité et réconciliation interpelle ceux qui veulent demander pardon aux familles des victimes. Comme nous l’avons constaté dans le diocèse catholique de Ruyigi à la paroisse Rusengo, nous avons entendu ceux qui ont demandé pardon et ceux qui l’ont accordé. Demander pardon est un long chemin mais nécessaire pour tous. La CVR va organiser bientôt des audiences publiques pour donner la parole à ceux qui veulent la prendre, mais pour ceux qui ont accepté de demander pardon publiquement, ils ne seront pas concernés par ces audiences car, ils auront manifesté un profil bas devant Dieu et aux familles de victimes », a expliqué le président de la CVR.

Imposer le pardon comme meilleur moyen de camoufler les crimes du CNDD-FDD

L’appel de la CVR passe mal aux yeux de l’opposition. Frédéric Bamvuginyumvira, le président de la coalition CFOR-Arusha, par exemple, estime que c’est une manœuvre du parti CNDD-FDD pour pouvoir cacher des crimes commis par ce parti. Il indique que demander pardon est une affaire personnelle.

« La CVR est en train de faire une fuite en avant en cherchant à imposer ce pardon par la force. Non ! Le pardon est une affaire personnelle. C’est une initiative personnelle. On ne doit pas organiser des séances publiques de la sorte pour que les gens éprouvent un sentiment de peur. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est de savoir qui a fait quoi. Or le parti CNDD-FDD étant impliqué dans les crises qu’on a observées dans le pays, il a peur d’être accusé. Et il a tout fait et s’est opposé à ce qu’une commission d’enquête judiciaire puisse exister pour que justement la vérité n’éclate jamais au grand jour », martèle Frédéric Bamvuginyumvira.

La CVR n’a pas précisé la date de lancement de ces séances publiques dédiées au pardon.

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