Grogne des responsables de certaines coopératives. Ils dénoncent le favoritisme dans l’octroi des crédits. Le Fonds national d’investissement communal (FONIC) n’accorderait de crédits qu’aux seules coopératives Sangwe, affiliées au parti CNDD-FDD, au détriment d’autres coopératives. Ces mêmes responsables réclament plus d’équité dans le traitement des dossiers relatifs aux demandes de crédits.
Cette grogne vient des responsables des coopératives qui regroupent des jeunes pour la plupart. Ils font remarquer qu’ils avaient créé ces coopératives pour leur auto-développement dans l’espoir d’un avenir meilleur. Or, le fait que leurs demandes de crédits auprès du Fonds national d‘investissement communal (FONIC) soient chaque fois rejetées les décourage.
« Les jeunes, nous nous associons en coopératives pour le développement, mais quand il s’agit d’octroyer les crédits dans les communes, nous constatons qu’on ne les donne qu’aux coopératives Sangwe, ce que nous ne comprenons pas. On nous dit d’ailleurs qu’on va leur accorder d’autres crédits. On se demande si d’autres coopératives ne sont pas reconnues par la loi. Pourquoi on ne pense pas aux autres coopératives en activité pour qu’elles puissent elles aussi bénéficier des crédits. Il faut éviter le favoritisme », se plaint un responsable d’une coopérative.
Ces mêmes responsables sollicitent le concours du ministère de tutelle pour que l’octroi des crédits soit équitable.
« Qu’ils comprennent que tous les jeunes ont besoin de ces crédits. Si les fonds sont disponibles, que toutes les coopératives en bénéficient puisqu’ils seront remboursés. Ce n’est pas un don qu’on accorde à ces coopératives Sangwe. Nous sommes conscients que c’est de l’argent qui sera remboursé mais comment? Puisque certains parmi ceux qui en ont bénéficié au sein des coopératives Sangwe sont tombés en faillite », indique un autre responsable de coopérative.
La rédaction de la radio Inzamba a tenté de joindre les responsables du FONIC, mais sans succès.
En 2019, le gouvernement a décidé que le FONIC chargé du développement communal donne dix millions de francs burundais aux seules coopératives Sangwe sur chaque colline par an. En 2020, le Burundi comptait six mille coopératives.
La discrimination dans l’octroi des crédits affecte négativement la production des coopératives
La pratique de deux poids deux mesures dans l’octroi des crédits et les conflits d’intérêts devraient cesser pour une bonne production des coopératives. Il recommande la rigueur dans les pratiques d’éthique et de concurrence pour la promotion de ces structures.
« Si ce système de deux poids deux mesures est appliqué dans l’octroi des crédits, cela rentre dans les pratiques qu’on ne cesse de dénoncer : les conflits d’intérêts et la concurrence déloyale. Si on veut le développement du secteur privé, on doit assurer la concurrence entre les opérateurs économiques, entre les animateurs du secteur privé. Parce que les coopératives sont des entités autonomes qui vont dans le cadre du secteur privé. Si nous voulons l’augmentation de la croissance, il devrait y avoir des rapports sur les étapes de remboursement des crédits attribués à ces coopératives Sangwe, parce que c’est l’argent du contribuable, et les Burundais, dans leur ensemble, doivent être informés. Si le gouvernement veut assurer la promotion du secteur privé, il faut des pratiques d’éthiques, des pratiques qui assurent une concurrence saine entre acteurs, mettre des balises là où les conflits d’intérêts sont possibles, comme dans certaines coopératives Sangwe où certains membres influents du CNDD-FDD jouent de leur influence pour avoir des crédits aux dépends des autres », conseille Faustin Ndikumana, expert économiste et activiste de la bonne gouvernance.