La Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi n’en démord pas. Dans son rapport présenté jeudi 16 septembre devant la commission des droits de l’homme à Genève, elle a fait remarquer que de graves violations des droits de l’homme se poursuivent et que l’espace démocratique reste verrouillé sous le règne d’Evariste Ndayishimiye.
Ce rapport est le 5ème depuis la mise en place de cette commission d’enquête sur le Burundi en septembre 2016. Le rapport s’est basé sur 1700 témoignages recueillis auprès de victimes, de témoins et d’autres sources. La commission a constaté que malgré les quelques promesses du président Evariste Ndayishimiye le 18 juin 2020 pour améliorer la situation des droits de l’homme au Burundi, rien ne vise en réalité à garantir le respect des libertés fondamentales comme les libertés d’expression, d’information et d’association. Doudou Diène qui préside cette commission, dit que la situation des droits de l’homme reste préoccupante au Burundi. Il donne ici l’exemple de la persécution des opposants politiques qui sont assimilés par le pouvoir aux membres de groupes rebelles.
« Des violations graves des droits de l’homme ont continué à être commises, et elles ont même accru depuis juin 2021, principalement dans le cadre de la lutte de groupes armés, responsables d’attaques aveugles ou ciblées perpétrées depuis l’été 2020. Violations en lien avec les incidents de sécurité : elles ont visé des personnes soupçonnées d’être impliquées dans les attaques armées ou de collaborer avec des groupes rebelles, principalement des militaires de l’ancienne armée burundaise, ex-FAB, des membres des partis d’opposition, notamment le CNL et certains de leurs proches », a exposé Doudou Diène.
La commission dit avoir également documenté beaucoup de cas de disparitions forcées, d’arrestation et de détentions arbitraires accompagnées de torture sans nom. Pour les auteurs de ces crimes, elle pointe du doigt les agents du Service national des renseignements, les policiers et les jeunes Imbonerakure qui ont tous continué à agir dans l’impunité totale. La commission estime que ces crimes sont impunis parce que l’appareil judiciaire est instrumentalisé par le pouvoir exécutif.
« Le système judiciaire a continué à être utilisé comme un outil de cette répression, notamment en s’abstenant de mener des enquêtes sur les incidents en question et en prolongeant les détentions arbitraires », a ajouté le président de la commission d’enquête.
La commission trouve également que l’environnement démocratique n’est pas propice aujourd’hui, soulignant que les médias et la société civile ne travaillent pas encore dans la quiétude. Elle souligne aussi que les discours de la haine des autorités du Burundi ont diminué, mais qu’ils ont été remplacés par des propos traitant les opposants politiques d’ennemis du Burundi. Signalons que le contenu de ce rapport sera présenté devant les membres du Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme le 23 septembre de cette année.