Education

Kayanza : L’ECOFO Kabuzuru surprend par sa beauté, mais déçoit par le nombre excessif d’élèves

Publié le 2 octobre 2021 par Rédaction

L’école fondamentale Kabuzuru, située en zone Mubogora, commune Muhanga, province Kayanza, est tout l’opposé de l’ECOFO Nyentumba, dans la commune Mugina, province Cibitoke, dont la radio Inzamba vous a récemment parlé. Car si la deuxième manque de tout, la première affiche une fière allure. Mais les apparences peuvent être parfois trompeuses. Car d’autres réalités, comme la pléthore d’élèves par classe, peuvent constituer des obstacles de taille.

Ecole Fondamentale de Kabuzuru © Présidence du Burundi

Les bâtiments sont presque flambant neufs. Et il y a de quoi, puisque l’école date de 2018, et donc de juste trois ans. Elle est construite dans des matériaux durables : briques cuites, murs épais, piliers de soutènement, fenêtres et portes vitrées et larges, salles de classe aérées, sol cimenté, toiture et charpente posées dans les normes et, pour couronner le tout, des bancs-pupitres qui emplissent les salles de classe.

Mais, car il y a un mais, les petites têtes des écoliers, à première vue innombrables, dans une classe, viennent ternir cette image idyllique. Sur les bancs, ils semblent tellement serrés qu’ils ont l’air de s’asseoir les uns sur les autres. Pire, d’autres, tout aussi nombreux, sont assis, à même le sol, dans le couloir qui séparent les deux rangées de bancs pupitres. Une source sur place s’est essayée au comptage des enfants et tombée sur l’hallucinant chiffre de 231 écoliers !

Une situation qui suscite l’indignation de nombre d’observateurs, dont des experts du domaine. C’est le cas de Libérat Ntibashirakandi, spécialiste des questions d’éducation.

« L’Etat a le devoir d’éduquer les enfants du pays. Or, ce n’est pas le cas actuellement. C’est un constat amer. Cette faillite de l’Etat est accompagnée par des discours mensongers et contradictoires. Un jour le président nous dit que le système éducatif burundais est complètement délabré, mais, d’un autre côté, au cours de la dernière Assemblée générale des Nations Unies, on a entendu un autre discours que tout va bien au Burundi », fait-il remarquer.

Car en effet, le 23 septembre, à New York, le Chef de l’Etat avait déclaré : « Notre priorité s’oriente vers l’éducation. L’éducation pour tous est inscrite dans l’agenda des Nations Unies, et mon pays y trouve une condition sine qua non du programme de développement durable. Nous avons d’abord assuré la gratuité de l’enseignement fondamental, pour permettre à chaque enfant d’aller à l’école, quelle que soit sa situation sociale. C’est dans ce même ordre que nous avons décidé d’installer une infrastructure scolaire sur chaque colline de recensement, et des centres d’enseignement des métiers. Nous nous attelons maintenant à réformer l’enseignement, pour en faire un enseignement technique et professionnel, ce qui permettra de créer une jeunesse techniquement capable d’être polyvalente dans l’exercice des activités économiques dans tous les secteurs », a assuré le président de la République.

Des propos qui, pour Libérat Ntibashirakandi, sont loin de refléter la réalité.

« Quand on voit de telles images, il est clair que le président a menti. Donc ça signifie que ces enfants n’ont pas d’avenir. Car ils ne sont pas en train d’étudier. On ne peut pas étudier dans de telles conditions et aller loin. Quand un enfant réussit ses études, il aide sa famille, mais aussi sa commune, ensuite sa province et, finalement, le pays. C’est donc déplorable puisque, tout simplement, leur avenir est hypothéqué. Et ils peuvent aussi être manipulés et utilisés par des personnes mal intentionnées », a martelé Libérat Ntibashirakandi.

Certes, pour Libérat Ntibashirakandi, l’Etat semble démissionnaire. Mais l’expert estime qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Son appel et son espoir sont donc que les autorités, et le Chef de l’Etat en premier lieu, se ressaisissent, pour trouver une solution durable à ce type de problématiques, aussi bien pour les écoles dénuées de tout, que pour celles, à l’instar de l’ECOFO Kabuzuru, qui nécessitent plus de salles de classe, et sans doute d’enseignants.

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