Les élèves burundais réfugiés des camps de Lusenda et Mulongwe en République Démocratique du Congo ne vont pas à l’école depuis lundi. Ces élèves exigent que leurs enseignants reçoivent leurs six mois d’arriérés de salaires pour qu’ils puissent regagner les classes. Un appel repris en échos par la Coalition burundaise des défenseurs des droits des réfugiés vivant dans les camps (CBDH-VICAR), qui appelle le HCR et les autorités congolaises à trouver une solution à ce problème.
La raison de cette décision est que ces enfants n’ont pas payé leurs frais scolaires qui servent à payer les professeurs qui les enseignent. Ces derniers affirment en effet qu’ils viennent de totaliser six mois sans percevoir leurs salaires.
Les élèves estiment que la décision de les chasser des classes est injuste, parce que c’est le HCR qui devrait payer ces frais de scolarité.
Après avoir été chassés, les élèves ont organisé des manifestations pour exprimer leur mécontentement. Leurs camarades de classe d’origine congolaise, eux, ont continué à étudier.
« Nous avons manifesté parce qu’on a été chassé de l’école. Nos enseignants n’ont pas été payés. On déplore qu’on a été chassé alors que nos camarades de classe congolais, eux, continuent d’étudier. Ils ne devraient pas nous chasser pour la simple raison que nous sommes des réfugiés », s’indigne un des élèves interrogés au cours d’une manifestation à Lusenda.
Ils demandent au HCR de trouver rapidement une solution pour qu’ils puissent regagner les classes.
« Nous voulons que le HCR débloque leur argent pour qu’on puisse continuer à étudier. Mais il faut que le HCR nous donne également du matériel scolaire parce que parmi nous, il y a des nouveaux qui n’en ont pas reçu », plaide un autre élève manifestant de Mulongwe.
Suite à cette situation, la rédaction de la radio Inzamba a tenté de joindre par téléphone les représentants de ces camps, ainsi que les représentants du HCR en RDC, pour qu’ils s’expriment par rapport à ces lamentations, mais en vain.
Une décision à contre-courant de la mobilisation mondiale pour l’éducation pour tous les enfants
Les élèves réfugiés de l’école primaire des camps de Lusenda et Mulongwe en RDC ne devraient pas être victimes d’une possible mésentente entre le gouvernement congolais et le HCR. C’est la réaction de Léopold Sharangabo, vice-président de la Coalition burundaise des défenseurs des droits des réfugiés vivant dans les camps, suite à ce renvoi des élèves réfugiés de l’école.
« C’est une honte pour le HCR et pour le gouvernement congolais qui a le devoir d’encadrer ces enfants réfugiés. Vous n’ignorez pas que ces enfants sont renvoyés après ceux du secondaire qui viennent de passer près de deux ans à la maison pour la même raison. C’est incompréhensible que ces enfants puissent être empêchés de poursuivre leurs études, pendant que le monde entier a fait de la scolarisation des enfants sa priorité. Ces enfants deviennent soudain sans avenir et vont devenir un lourd fardeau pour les familles, parce qu’ils peuvent se muer en délinquants, parce que les parents ou les proches n’ont pas les moyens de les faire retourner à l’école », fait remarquer l’activiste des droits des réfugiés.
Aussi lance-t-il un appel aux parties sensées être responsables de cette situation.
« C’est la raison pour laquelle nous demandons d’abord au HCR et aux autorités congolaises de trouver ensemble une solution pour faire retourner ces enfants réfugiés à l’école. Nous plaidons aussi pour ceux du secondaire qui sont dans une triste résignation. Nous demandons aussi aux organisations tant locales qu’internationales qui luttent pour les droits des enfants, d’intervenir pour que ces élèves puissent jouir de leur droit à l’éducation, mais qu’elles interviennent aussi pour que ces derniers ne continuent pas d’être victimes de cette déplorable attitude du HCR et du gouvernement congolais », plaide Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH-VICAR.
Photo Illustration : © UNHCR/Farha Bhoyroo