Le lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa vient d’être écarté du poste de commandant du 7ème bataillon de la MINUSCA. Il a été remplacé par le colonel Papien Nzeyimana. Ce changement survient alors qu’Ildephonse Baranyikwa et le 7e bataillon étaient depuis plusieurs jours en confinement de pré-déploiement au camp de transit de Mudubugu en province de Bubanza. La société civile, qui avait dénoncé sa nomination pour avoir trempé dans de graves violations des droits de l’homme, s’en félicite.
Le remplacement du lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa est sans nul doute l’aboutissement d’enquêtes des Nations Unies sur les membres du 7e bataillon de la MINUSCA, Mission des Nations Unies de maintien de la paix en Centrafrique. L’ONU avait en effet reporté sine die le processus de déploiement initialement prévu de débuter fin juillet dernier. Alors que les premiers éléments devaient atterrir à Bangui le 28 juillet, les Nations Unis ont exigé au préalable l’identification de tous les militaires retenus pour cette mission. Il a fallu que le lieutenant-colonel Baranyikwa s’exécute en même temps que ses hommes.
Pour parler juste de l’un de ses récents faits d’arme, le lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa a été pendant longtemps commandant du 112ème bataillon d’infanterie en province de Cibitoke. A son époque, un important arsenal militaire composé de plus de 120 armes a été découvert dans la zone sous son contrôle. Aucune de ces armes n’était enregistrée nulle part. Certains des militaires soupçonnaient le lieutenant-colonel Baranyikwa d’avoir utilisé ces fusils dans des opérations en République Démocratique du Congo, en équipant des Imbonerakure qui faisaient partie des hommes sous son commandement. Les mêmes armes auraient également été utilisées par Baranyikwa dans des exécutions extrajudiciaires de personnes arrêtées par les renseignements militaires et le service national des renseignements.
Le lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa est soupçonné d’avoir participé dans de graves violations des droits humains. Ce qui aurait mené les Nations Unies à l’écarter de la tête du 7e bataillon de la MINUSCA. Néanmoins, le pouvoir de Gitega préparerait un geste de compensation en sa faveur. Des sources proches de l’état général de l’armée indiquent que le lieutenant-colonel Baranyikwa pourrait être affecté dans l’AMISOM, la Mission de l’Union Africaine de maintien de la paix en Somalie, ou au MCVE, le Mécanisme militaire conjoint de vérification élargi sur les frontières des pays de la région des Grand-Lacs qui, eux, seraient moins regardants sur le passé, parfois peu glorieux, de ceux qui les intègrent.
« Le lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa devrait plutôt être arrêté et jugé »
Ce remplacement sonne comme une victoire pour les militants des droits de l’homme au Burundi. Selon Vital Nshimirimana, délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC), les défenseurs des droits humains n’ont jamais cessé de dénoncer sa nomination à la tête du 7e bataillon de la MINUSCA. Pour lui, cet officier de l’armée ne mérite que la prison.
« Tout d’abord c’était une honte qu’un criminel de renom comme le lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa soit envoyé dans une mission de maintien de la paix de l’ONU en RCA. Il est connu pour avoir été impliqué dans plusieurs crimes de sang, lorsqu’il dirigeait les camps de Kirundo, de Cibitoke et de Muha. Aujourd’hui, le même Ildephonse est reconnu par de nombreuses victimes comme ayant participé aux meurtres et à d’autres actes ignobles à l’égard de nombreuses victimes, y compris des manifestants contre le 3e mandat de Pierre Nkurunziza, ainsi que des opposants au régime. Pour les défenseurs des droits de l’homme, il faut que Ildephonse Baranyikwa soit poursuivi par la justice militaire du Burundi, au cas contraire, nous allons aux institutions internationales qui poursuivent ceux qui ont été impliqués dans des crimes contre l’humanité de le poursuivre », a prévenu le délégué général du FORSC.