Tristement connu dans de nombreux abus, le commissaire Moïse Arakaza, alias Nyeganyega, est aujourd’hui cité dans la formation paramilitaire de jeunes Imbonerakure. Des activités organisées dans les collines Rubone et Rugembe, commune Kabezi, province Bujumbura. Les abus du commissaire Moïse Arakaza ont depuis longtemps été dénoncés par les défenseurs des droits de l’homme. Mais l’homme se comporte comme un intouchable, jusqu’à s’exhiber avec des Imbonerakure qualifiés de milice par les Nations Unies.
Ce sont des centaines de jeunes hommes, armés de bâtonnets. Ils défilaient en file indienne, une file tellement longue qu’on n’en voyait pas les deux bouts. Marchant à travers champs et routes en terre, dans un décor des collines de la commune Kabezi en province Bujumbura, certains en tenue militaire, ils entonnaient des champs guerriers.
Et comme pour se justifier, les jeunes du parti au pouvoir, comme ils se définissaient eux-mêmes, avec une extrême assurance, disaient que c’était pour assurer la sécurité et faire aimer le pays à ceux à qui il appartient.
« Ici c’est à Kabezi dans les collines de Rugembe où les imbonerakure du CNDD-FDD participent dans les travaux de sécurité et de l’amour de la patrie », disait la personne qui filmait le défilé.
A un moment, avec l’air de prendre une pause dans un établissement scolaire, ils étaient encadrés par des militaires et des policiers.
Et c’est là qu’apparaît l’officier de police Moïse Arakaza, alias Nyeganyega, qui prenait lui-même fièrement les images sur place. Au moment des faits, Moïse Arakaza était le commissaire communal à Kabezi. Ces activités de formation s’ajoutent à un répertoire d’actes sombres de violations graves des droits de l’homme dans lesquels il est directement impliqué.
Partout où il a été affecté, cette officier de police a souvent été accusé par les habitants de nuire à la cohésion sociale en commettant des abus sur les populations, y compris des assassinats.
Les cas les plus récents, et qui ont régulièrement été rapportés par la radio Inzamba, sont ceux de la commune Mugamba en province Bururi, où son récent remplacement a été salué par la population (lire notamment https://inzamba.org/bururi-qui-est-moise-arakaza-commissaire-communal-de-mugamba-la-bete-noire-de-la-population-de-cette-commune/).
Il y a tout juste quelques jours, le commissaire Moïse Arakaza a été affecté à Magara, commune Bugarama, en province Rumonge.
Les défenseurs des droits de l’homme demandent sa traduction devant la justice
Pour la nième fois, la société civile réagit pour décrier les actes qu’elle qualifie d’innommable du commissaire Moïse Arakaza. Selon les activistes des droits de l’homme, il s’agit de l’un des officiers de la police qui s’est rendu coupable de torture et de violations graves des droits humains. Pour Vital Nshimirimana, président du Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC), le nom de Moïse Arakaza est régulièrement cité dans des rapports qui ne plaident pas en faveur d’une bonne image du Burundi.
« Quand nous voyons Moïse Arakaza, alias Nyeganyega, défiler devant des files de miliciens Imbonerakure, nous sommes également interpellés. Parce qu’il a déjà participé à de nombreux actes de violence, dans plusieurs coins du pays, y compris en province de Bujumbura et en province de Bururi. Il est connu pour avoir trempé dans des actes de violence, comprenant la torture, des disparitions forcées, des meurtres, et autres actes similaires. Mais jusqu’à présent, Moïse Arakaza n’a jamais été inquiété, ni par sa hiérarchie dans la police nationale, ni par la justice. Mais ce que nous pensons, c’est que l’avenir nous réserve toujours des surprises. Parce qu’à un moment, les autorités burundaises voudront chercher à redorer le blason du pays, et à mettre fin à ces actes et à leurs auteurs. Nous pensons que lorsque le gouvernement burundais laisse des gens impunis comme Moïse Arakaza, c’est la fin des temps. Parce qu’en fin de compte, à un moment, cela contribue à ternir l’image du pays et l’image du gouvernement. Parce qu’aujourd’hui, aucun pays, aucune région, aucune communauté ne peut prétendre pouvoir évoluer en vase clos », a prévenu Vital Nshimirimana, président du FORSC.
Photo Illustration : ©Désiré Nimubona /IRIN