Visiblement, les hauts gradés n’ont pas mâché les mots. La corruption, le favoritisme et la légèreté dans la gestion des affaires en rapport avec l’armée. Tels sont les points soulevés par les officiers des garnisons de Bujumbura mardi, lors d’une causerie morale dirigée par le chef d’état-major de l’armée, le général Prime Niyongabo.
Le chef d’état-major de l’armée et ces officiers des unités spécialisées se sont rencontrés à huis clos mardi au Mess des officiers de Bujumbura. Des officiers, toute origine confondue, indiquent que les ex-rebelles dits PMPA et les ex-FAB ont tous été unanimes sur des questions de l’heure au sein des Forces de Défense Nationale du Burundi.
Le général Prime Niyongabo a d’abord dénoncé un comportement indigne chez certains officiers de l’armée qui promettent aux soldats des places dans les missions de maintien de la paix moyennant des pots-de-vin. Le chef d’état-major a également affirmé que dans l’AMISOM, des fonds sont collectés pour reconduire la mission en Somalie en faveur de certains militaires. Une autre forme de corruption a été signalée chez les femmes militaires, certaines d’entre elles acceptent délibérément de coucher avec des hauts gradés de l’armée pour bénéficier de certains avantages, a mis en garde le chef d’état-major de l’armée burundaise, en précisant que ce comportement viole la déontologie militaire. La solution est de renforcer l’instruction militaire à tous les niveaux dans les écoles et centres de formation militaire pour rendre la FDNB plus professionnelle, selon le général Prime Niyongabo.
De leur côté, les officiers ont manifesté leurs mécontentements sur le manque de transparence dans la montée en grade des officiers. Ils accusent le bureau de l’état-major de l’armée de traitement de faveur sur fond régional dans l’envoi des militaires en mission, les militaires originaires de Muramvya, la province natale du général Prime Niyongabo et de la commune Mugamba, dont le chef d’état-major adjoint est originaire, sont privilégiés, selon les officiers qui se sont exprimés lors de cette séance de causerie morale.
Entre-temps, les hommes de troupe sont privés de parole
Des hommes de troupe de l’armée burundaise, qui ne bénéficient pas de ce type de causerie morale, estiment qu’ils se sont trop tus sur certains sujets qui fâchent. Ils demandent par exemple la lumière dans la gestion de l’argent retiré de leurs soldes mensuelles qu’ils perçoivent en Somalie, lorsqu’ils sont en mission de maintien de la paix. L’argent, selon eux, est visiblement détourné par certains des hauts gradés des forces de l’ordre.
Ces hommes de troupe déplorent le fait qu’ils n’ont pas un cadre d’expression pour pouvoir soumettre leurs doléances. Ils indiquent que le président de la République, Evariste Ndayishimiye, lors de son accession au pouvoir, avait promis de se concerter avec toutes les catégories de travailleurs. Ils disent qu’ils ont attendu leur tour, mais en vain.
Ils déplorent le fait que le général Prime Niyongabo, chef d’état-major général de l’armée, aujourd’hui en tournée dans les différentes régions militaires, ne rencontre que les cadres militaires.
« On devrait soumettre nos doléances au général Prime Niyongabo. Il est en train de rencontrer ces derniers jours les cadres dans les différentes régions militaires. Malheureusement, partout où il va, il ne s’assoit jamais avec nous, les hommes de troupe. Nous demandons au président de la République de se prononcer sur la hausse de nos salaires », réclame un homme de troupe.
Ces hommes de troupe de l’armée burundaise demandent la lumière dans la gestion de l’argent retiré de leurs soldes mensuelles qu’ils perçoivent en Somalie, en mission de maintien de la paix.
« On ne revoit jamais nos salaires à la hausse, alors que lors de nos mission de maintien de la paix en somalie, un montant de 200 dollars américains est retiré sur la solde de chaque militaire par mois. Les hauts gradés en Somalie se servent dans des mines d’or que nous les hommes de troupe protégeons, mais ils n’ajoutent rien sur nos salaires. Nous constatons impuissamment aussi que cet argent retiré sur la location de nos armes va dans les poches de certains hauts gradés. Aucune lumière dans la gestion de cet argent », se plaint un sous-officier qui affirme avoir été déployé à maintes reprises dans l’AMISOM.
Parmi les doléances qu’ils envisagent de soumettre au haut niveau, il y a aussi les effets militaires. Ces hommes de troupe disent qu’ils viennent de passer quatre ans sans avoir de bottes et d’uniformes neufs.
La rédaction de la radio Inzamba a tenté de joindre le porte-parole de l’armée, Floribert Biyereke, mais sans succès.