Droits de l'Homme

Bujumbura : Mort d’un membre du parti CNL après des tortures par le SNR

Publié le 17 décembre 2021 par Rédaction

C’est l’émoi au sein du parti de l’opposition CNL. Un de ses fervents membres, Augustin Matata, est mort ce mercredi sur son lit d’hôpital, après avoir été torturé par des agents du Service national des renseignements. Il avait été enlevé le 16 novembre dernier à Buringa dans la commune Gihanga de la province Bubanza.

Augustin Matata a rendu l’âme ce mercredi, un mois après son enlèvement par les agents du service national des renseignements burundais.

Comble de l’ironie, son décès est survenu quelques jours après une communication du porte-parole de la police burundaise qui a affirmé, sans aucune nuance, que les membres du parti CNL qui sont déclarés enlevés par les forces de l’ordre se font plutôt enrôler dans le groupe armé d’Aloys Nzabampema.

Pacifique Nininahazwe, coordonnateur de la campagne Ndondeza, avait déjà alerté sur un membre du CNL qui était horriblement torturé.

« Nous avions dénoncé la torture d’Augustin Matata. C’était au lendemain d’une déclaration du porte-parole de la police burundaise. Il voulait réfuter toutes ces allégations d’enlèvements. Il a par la même occasion annoncé que d’autres personnes prétendument enlevées au cours du mois de novembre avaient plutôt rejoint le mouvement rebelle Nzabampema. Aujourd’hui, tout ce que qu’on peut faire, c’est de demander à la CNIDH de préciser davantage sa communication. Mais qui sont les deux victimes de torture au sein du Service national des renseignements ? Qui sont les auteurs de ce crime grave ? C’est très important que la CNIDH le précise. Sinon, son comportement risque d’être interprété comme une autre forme de complicité. C’est aussi l’occasion de dénoncer encore une fois, les pratiques qui se généralisent au sein du Service national des renseignements. La torture est devenue comme une façon normale d’interroger les personnes enlevées. Tout comme l’enlèvement est devenu comme un mode normal d’arrestation des personnes recherchées par ce service. Ces pratiques doivent cesser. Et ce sont des crimes qui, un jour, doivent être punis », prévient Pacifique Nininahazwe, coordonnateur de la campagne Ndondeza.

Depuis l’enlèvement de Matata Augustin, le 16 novembre, sa famille n’a jamais été informée ni de son lieu de détention ni des infractions qui pesaient sur sa personne. Ils se sont juste doutés qu’il serait gardé au cachot du Service national des renseignements, le jour où ils ont vu des gens qui sont venus faire une fouille perquisition à son domicile, mais qui n’y ont rien trouvé.

« C’est après que des éléments du SNR sont venus perquisitionner la maison d’Augustin Matata. Ils ont creusé dans les enceintes de sa résidence à Buringa. Et c’est alors que la famille s’est donné l’idée qu’Augustin Matata était détenu au Service national des renseignements. Mais là aussi, il n’y avait aucune confirmation. La semaine dernière, sa famille a appris qu’il était hospitalisé à la clinique Prince Louis Rwagasore. La famille s’y est rendue, mais a trouvé que la chambre d’Augustin Matata était gardée par des policiers qui empêchaient toute visite au malade. Il a fallu par après l’intervention du président de la CNIDH qui, lui, a pu forcer son entrée dans la chambre d’Augustin Matata, et se rendre compte de la gravité de l’état dans lequel il se trouvait, à la suite de la torture qu’il avait subie au sein du Service national des renseignements. C’est alors que la CNIDH a sorti une déclaration dénonçant deux cas de torture au sein du SNR, mais la CNIDH n’a nommé ni les victimes, ni les auteurs de ce crime. La CNIDH a simplement assuré que les auteurs de ce crime allaient être poursuivis par la justice burundaise », a rappelé Pacifique Nininahazwe.

La mort d’Augustin Matata sous torture arrive quelques jours après que le président du parti CNL Agathon Rwasa, avait dénoncé la persécution des membres de son parti, avec un répertoire de plus de 200 cas d’emprisonnement arbitraires et une vingtaine de cas d’assassinats ciblés à l’endroit des membres de sa formation politique.

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