Justice

Bururi : trois magistrats écroués

Publié le 20 août 2023 par Rédaction

Trois magistrats du tribunal de grande instance de Bururi sont détenus à la prison centrale de cette province depuis le 15 août. Ils sont accusés d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Selon des sources sur place, ils ont été arrêtés pour avoir rendu un jugement de libération de six présumés auteurs d’attaques à la machette. Leurs collègues crient à l’injustice.

 Les trois magistrats du tribunal de grande instance de Bururi sont Nizigiyimana Léonard, Ngendakumana Antoine et Mukeshimana Irène. Ils ont été arrêtés après avoir rendu une décision judiciaire qui libérait six détenus de la prison de Murembwe, à Rumonge. Les prisonniers libérés étaient poursuivis pour attaques à la machette dans la province Bururi.

Cette décision avait été rendue à la prison centrale de Murembwe le 20 juillet où les trois juges siégeaient en chambre de conseil. Dans cette audience, le siège a écouté les accusés et les témoins à charge. Ces derniers ont déclaré avoir chargé les présumés auteurs sous contrainte. Ainsi, le siège a constaté qu’il n’y avait aucun indice de culpabilité et a décidé de les libérer. Certains parmi les collègues de ces magistrats disent qu’ils sont détenus injustement car ils sont victimes d’avoir fait correctement leur travail comme le témoigne l’un d’eux.

 « Dans l’histoire de la justice burundaise, aucun n’avait jamais été arrêté ou condamné pour avoir pris une décision judiciaire. Quand le juge est dans l’exercice de ses fonctions, l’article 214 de la Constitution stipule que le juge n’est soumis qu’à la Constitution et à la loi. Les trois juges sont accusés de l’infraction de complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Mais la complicité n’a pas sa place, parce que l’article 68 du code pénal, livre 1, dit que ‘’Sont considérés comme complices d’une infraction ceux qui sont en participation directe à celle-ci et sans que leur concours ne soit indispensable, procuré par action, par don, promesse, menaces, abus de pouvoir, machination, etc. Or tout cela ne s’est jamais produit. Les juges sont incarcérés injustement », s’insurge un de leurs collègues.  

Pour les autres juges, même s’il y aurait eu infraction, cette dernière n’aurait été aucunement délibérée. Ils soupçonnent que leurs collègues ont été arrêtés sur ordre du chef de l’Etat. Pour eux, ils sont victimes du jugement d’ordre général qu’Evariste Ndayishimiye porte sur la magistrature.

Un procès en flagrance pour les trois magistrats a été fixé au mardi 22 août à Bururi.

 

Photo Illustration : © Yaga Burundi

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