Droits de l'Homme

Des membres d’une mission de la MINUSCA soupçonnés de violations des droits humains : mission reportée

Publié le 27 juillet 2021 par Rédaction

Report sine die du déploiement du 7e bataillon burundais de la MINUSCA. La raison de cet ajournement n’a pas été officiellement communiquée par l’Etat major de l’armée burundaise, alors que le premier groupe devait partir ce mercredi. Les Nations Unies auraient exigé au préalable l’identification des militaires retenus dans cette mission de maintien de la paix en Centrafrique. Mais pour protéger certains officiers qui se seraient rendus coupables de violation des droits humains, les responsables de l’armée burundaise ne se sont pas pliés à cette exigence.

C’est ce mercredi 28 juillet que le premier convoi aurait dû prendre le vol pour Bangui, la capitale centrafricaine. L’information a filtré le weekend dernier au sein de certains officiers de l’armée annonçant le report de la mission, sans préciser ni les motifs du report ni la date exacte du prochain rendez-vous. La nouvelle survient après près de deux mois de confinement pré-déploiement au camp de Mudubugu, en province Bubanza.

Des sources au sein des cadres de l’armée indiquent que l’identification des officiers et militaires concernés est à l’origine de cette décision. Les Nations Unies avaient pourtant conditionné de présenter les curriculum vitae pour chacun des militaires, ce que l’Etat major de l’armée n’a pas respecté, voulant protéger certains officiers et bien d’autres militaires impliqués dans les cas de violation des droits de l’homme. Car la présentation des dossiers individuels implique nécessairement une enquête approfondie sur chacun des membres du bataillon, précisent les mêmes sources.

Les défenseurs des droits de l’homme saluent la décision   

C’est une étape importante, selon le Forum pour le renforcement de la société civile. Vital Nshimirimana, délégué général du FORSC, indique avoir identifié, parmi ceux qui composent le groupe, des personnes qui sont accusées de graves violations des droits humains. Il cite l’exemple particulier du lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa, le commandant de ce 7ème bataillon MINUSCA en personne, et, selon lui, son cas n’est pas isolé.

« C’est le cas du lieutenant-colonel Ildephonse Baranyikwa, à qui il est reproché d’avoir participé dans bien de violations des droits de l’homme. Mais il n’est qu’un élément parmi une multitude d’autres. Déployer des gens qui se sont rendus coupables de crimes graves sur leur propre territoire dans des missions des Nations Unies, c’est contraire aux principes même qui président cette organisation. Il faut continuer à plaider pour que les militaires, officiers et sous-officiers, qui ont participé dans les violations des droits de l’homme soient sanctionnés, notamment par des poursuites judiciaires, mais aussi qu’ils soient systématiquement rejetés lorsqu’ils sont proposés dans des missions de maintien de la paix », a plaidé Vital Nshimirimana.

Sur la liste des officiers dont les noms sont cités dans ces violations des droits humains figure aussi le major Méthode Sabushimike. Celui-ci avait été rejeté par les NU alors qu’il avait été proposé dans le 4e contingent onusien de la même Minusca. Cet officier de l’armée burundaise revient donc dans la nouvelle mission où il occuperait, s’il est admis, le poste d’officier Movcon, c’est-à-dire ‘movement control’ dans le jargon militaire des casques bleus.

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