Droits de l'Homme

Genève : Continuera, continuera pas ? La commission d’enquête sur le Burundi rend ses dernières conclusions

Publié le 24 septembre 2021 par Rédaction

19 pour, 8 contre. Les délégations présentes à la 48e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU se sont exprimées jeudi pour marquer les tendances sur la reconduction ou non du mandat de la commission d’enquête sur le Burundi. Celle-ci venait de présenter les résultats de ses enquêtes qui ont conclu à une situation préoccupante caractérisée par de graves violations des droits de l’homme. Des résultats réfutés par le représentant du Burundi.

Le président de la commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi ne passe pas par quatre chemins. Doudou Diène a réaffirmé que son équipe continue de constater que des violations graves des droits de l’homme, dont certains constituent des crimes contre l’humanité, continuent. Pour lui, les États membres de l’ONU doivent agir pour que le Burundi assume sa responsabilité de protéger sa population contre les atrocités criminelles.

« La commission a montré que le niveau d’intolérance politique ne s’est pas améliorée, au cours de ses cinq années d’opération. La commission recommande donc aux membres de ce conseil de se donner les moyens de suivre de près et de manière objective les développements et la situation des droits de l’homme au Burundi, par un mécanisme international indépendant sous l’égide des Nations Unies. L’important est de ne pas abandonner les Burundais, de mettre fin à l’invisibilité et l’isolement des victimes, de pouvoir continuer à leur donner une voix et de permettre que leurs souffrances soient connues et reconnues et remédiées. Mais également contribuer à ce qu’enfin les principaux auteurs des crimes contre l’humanité et des graves violations des droits de l’homme puissent répondre de leurs actes et que justice soit rendue », a martelé Doudou Diène.

De son côté, Tabu Rénovat, ambassadeur du Burundi à Genève, a demandé au Conseil des droits de l’homme d’apprécier positivement la situation qui prévaut au Burundi, et trouve inopportun l’existence d’une commission d’enquête sur le pays.

« Le Burundi voudrait informer que plusieurs facteurs et signaux positifs reconnus par la communauté internationale convergent pour interpeller le Conseil des droits de l’homme à laisser le Burundi s’occuper de son développement harmonieux et celui de son peuple ainsi que la coopération effective avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Le Burundi croit profondément qu’aucun mécanisme ou tout autre organe expert spécial en matière de promotion des droits de l’homme n’est opportun », s’est défendu le diplomate burundais.

Et, de fait, les participants ont justement eu l’occasion de se prononcer sur l’opportunité de ce mécanisme. 19 délégations dont l’Union Européenne saluent quelques avancées, dont la libération des prisonniers et le recouvrement du statut A par la Commission nationale indépendante des droits de l’homme du Burundi. Mais elles dénoncent les graves violations des droits de l’homme à travers tout le pays, notamment des exécutions extrajudiciaires ou encore des arrestations arbitraires, et réclament par conséquent la reconduction du mandat de la commission d’enquête sur le Burundi. Ces délégations demandent que les autorités burundaises acceptent de collaborer avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et avec la Commission. Par contre, les 8 autres délégations estiment qu’il n’y a pas de raisons que le mandat de la commission soit reconduit.

Selon une source au sein de la commission, les voix exprimées ne constituent que des tendances. Le vrai vote est prévu au cours de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme les 7 et 8 août prochains.

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