Droits de l'Homme

Gitega : Le scandale des chiffres des victimes de l’incendie de la prison centrale

Publié le 17 décembre 2021 par Rédaction

Le gouvernement n’aurait déclaré que le 10e des détenus qui ont péri dans l’incendie de la prison centrale de Gitega la semaine dernière. C’est la révélation de la ligue des droits de l’homme Iteka qui, elle, rapporte le chiffre de 345 victimes, contre les 38 annoncés par le Vice-président de la République. Une situation conséquente à l’absence des secours.

Alors que l’incendie avait commencé autour de 4h du matin le mardi 7 décembre dernier, les premiers secours ne sont intervenus que vers 5h40 minutes. Au moins 345 corps de détenus avaient déjà été entièrement calcinés et des centaines d’autres prisonniers grièvement blessés, la plupart étant jusqu’aujourd’hui toujours en attente de soins. Ces précisions figurent dans un récent rapport de la ligue burundaise des droits de l’homme Iteka.

La ligue cite à titre indicatif le bloc 4 qui hébergeait 273 prisonniers, et où seule une vingtaine a pu échapper aux flammes. Et, au lieu de secourir les détenus menacés par les flammes, les policiers présents sur les lieux ont, au contraire, tiré en l’air pour dissuader les rescapés d’escalader les murs, accuse le texte de l’organisation.

Quant aux camions des sapeurs pompiers qui, pourtant, étaient dans la même ville de Gitega, ils sont arrivés avec près de deux heures après le déclenchement de l’incendie. Et, pour la ligue Iteka, il n’y a aucun doute, ceci implique explicitement la responsabilité du gouvernement dans ce lourd bilan.

 « Nous recommandons au gouvernement d’afficher une liste exhaustive des victimes, d’organiser un enterrement qui respecte la dignité humaine. La responsabilité du gouvernement est claire. Car nous avons su que l’intervention des secours est venue très tardivement. Même des policiers ont été dépêchés sur place pour empêcher les prisonniers de fuir et d’échapper au feu. La ligue Iteka recommande donc au gouvernement d’indemniser les survivants et les familles des disparus », demande Anschaire Nikoyagize, président de la ligue des droits de l’homme Iteka.

Le bilan officiel communiqué par le Vice-président du Burundi, Prosper Bazombanza, était de 38 détenus tués par le feu, soit pratiquement le 10e du chiffre révélé par la ligue Iteka, et 69 blessés. Le même Prospère Bazombanza avait en outre affirmé que des installations électriques anarchiques ont été à l’origine de cet incendie. Des affirmations que la ligue Iteka qualifie de trop légères. Et les doutes de cette organisation de défense des droits de l’homme sont confortés par le fait que les victimes, immédiatement emballées dans des bâches, loin des caméras et des journalistes interdits d’approcher les lieux du drame,  ont été enterrées dans la précipitation, sans la présence de leurs familles.

 

Photo Illustration : © Associated Press/AP

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