La pénurie du carburant s’explique par la mauvaise organisation du secteur pétrolier. C’est l’analyse de Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME). Il en veut pour preuve le monopole de fait accordé à la société pétrolière Interpetrol. La même Interpetrol qui tranquillise les consommateurs locaux que le carburant sera disponible en mairie de Bujumbura et à l’intérieur du pays à partir de ce mardi.
Dans un entretien accordé à la chaine de télévision en ligne Akeza.net ce lundi, Freddy Ipoma, administrateur directeur général adjoint de la société Interpetrol, a en effet indiqué que les stocks en carburant sont suffisants pour satisfaire la demande locale pour une longue période.
« Je rassure l’ensemble de nos clients et l’ensemble de la population qu’il n’y a vraiment aucun problème d’approvisionnement en ce moment. Nos stocks sont plus que suffisants pour satisfaire les besoins sur une période suffisamment longue. Vous avez pu voir les camions qui sont en train de charger, pour couvrir les besoins tant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays à partir de mardi. Il n’y a donc aucune raison de paniquer », a rassuré Freddy Ipoma.
De son côté, l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques accuse sans détours cette même société Interpetrol d’être à l’origine de cette pénurie. Gabriel Rufyiri fait savoir que la société Interpetrol est en même temps juge et partie dans le secteur pétrolier.
« C’est Interpetrol qui crée la pénurie, comme c’est elle qui dicte la loi. Et ensuite, ils disent que le carburant est là. Il est clair qu’Interpetrol joue toujours le gendarme dans le secteur pétrolier et ils ne veulent pas qu’une autre société puisse venir s’installer dans ce domaine », fustige Gabriel Rufyiri.
Pour Gabriel Rufyiri, tant qu’il n’y aura pas la libéralisation du secteur pétrolier, la pénurie des produits pétroliers va inévitablement persister.
« On a crié haut et fort pour que le monopole qu’Interpetrol détient soit annihilé. Mais ils sont tellement puissants qu’il a été très difficile de le faire jusqu’aujourd’hui. Le deuxième problème est lié au manque de devises, mais il faut que le gouvernement les rende disponibles. L’autre souci, c’est l’absence de stock, et Interpetrol ne peut pas permettre que ce stock soit là, et surtout les autorités pour lesquelles Interpetrol travaille », fait observer l’activiste de la bonne gouvernance.
Pour rappel, le prix du carburant a été récemment revu à une hausse de 300 francs burundais de plus par litre, soit jusqu’à près de 15%, une première dans l’histoire du Burundi, selon Gabriel Rufyiri. Il estime que les importateurs de pétrole vont gagner encore plus d’argent sur le dos des contribuables qui font déjà face à une misère extrême.