Le phénomène échappe aux anciens. C’est le cas de Gratien Rukindikiza, ancien officier de l’armée burundaise qui dit ne pas comprendre comment une telle chose puisse se produire. Et pour lui, il n’y a pas à chercher loin, la faute pourrait revenir aux médecins qui délivrent de faux certificats d’aptitude physique.
Rappel des faits : quatre jeunes hommes sont morts à Kayanza pendant les exercices physiques qui constituent l’une des principales épreuves pour être admis dans l’armée burundaise. Le cas le plus récent est celui de deux « adolescents », comme les ont décrits des sources au sein de l’armée dans cette province du nord du pays. Les candidats soldats devaient prendre le départ à partir de la colline Gerero en commune Muruta, avec comme point d’arrivée le camp militaire de Kayanza.
Les mêmes sources précisent que suite à la fatigue qui leur a causé un essoufflement extrême, le premier a rendu l’âme juste à son arrivée au camp militaire. Deux autres qui étaient dans un état critique ont été vite évacués vers l’hôpital de référence de Kayanza. Quelques heures après son admission, le deuxième a rendu son dernier soupir. Un autre drame à tous points identique s’était récemment produit le jour où les candidats sous-officiers passaient les mêmes épreuves. Deux jeunes hommes ont là aussi perdu la vie dans les mêmes circonstances d’exercices physiques.
L’armée n’est pas responsable, il faut voir du côté des médecins qui délivrent les certificats
Un connaisseur du milieu se dit dépassé par cette situation. Il s’agit de Gratien Rukindikiza, ancien officier des ex-Forces armées burundaises. « D’habitude ils sont examinés par des médecins civils. Parce que les candidats doivent être dans la meilleure disposition physique possible. Malheureusement, les médecins n’utilisent pas les outils adéquats pour tout détecter. Parce qu’il peut y avoir des anomalies. Ce type d’accident n’avait jamais été rapporté auparavant », révèle Rukindikiza, avant de s’interroger :
« Et entre autres questions : est-ce que les jeunes n’auraient pas attrapé le coronavirus, comme les cas prolifèrent de plus en plus dans le pays ? Surtout que les témoins ont rapporté qu’ils avaient des problèmes au niveau de la respiration. La deuxième question est de savoir s’ils n’auraient pas trop forcé, parce que d’habitude quand on court, il y a une certaine limite physique, et ils peuvent donc avoir trop tiré sur leur force physique. » Mais pour lui, ce n’est pas la faute de l’armée, parce que celle-ci ne peut pas tout prévoir pour les jeunes qui entrent, étant donné qu’ils présentent impérativement des certificats d’aptitude physique. Et de conclure : « C’est surtout le problème des médecins qui délivrent ces certificats qui diffèrent du vrai état des candidats. »