2009 ! C’est l’année où la tombe de l’ONATEL a été creusée. C’est en effet là qu’ont été prises deux décisions considérées comme étant à l’origine de sa faillite. Les mesures ont été établies par le gouvernement burundais et les responsables de l’ONATEL. La première est la libéralisation du capital de l’entreprise. L’autre étant la suspension, au même moment, de tous les investissements de l’entreprise. C’est ce que révèle le personnel de l’ONATEL dans un document récemment publié.
Dans ce document intitulé « Contributions du personnel de l’ONATEL », ils indiquent que vers la fin de 2009, le gouvernement du Burundi a pris une décision de libéraliser le capital de l’Office national des télécommunications. Cette libéralisation devait permettre à d’autres investisseurs privés d’injecter leurs actions dans le capital de cette entreprise.
A cette même époque, le directeur général de l’ONATEL a ordonné, comme mesure d’accompagnement, la suspension de tous les investissements supposés aller jusqu’à la fin d’une étude qu’il avait commanditée. L’étude devait déterminer la valeur de l’entreprise pour faciliter l’entrée des actions des entrepreneurs privés.
Mais voilà, les actions des particuliers ne sont jamais arrivés et, jusqu’à ce jour, les investissements de l’ONATEL sont toujours suspendus.
Le personnel de l’ONATEL n’en doute pas une seconde : la chute inéluctable de l’entreprise a pris départ sur cette double décision.
« En 2009, l’ONATEL avait un capital de près de 20 milliards. Il y a eu la décision de libéraliser l’entreprise, mais les investisseurs n’ont jamais amené leurs capitaux. Mais la suspension de tous les investissements a occasionné des pertes énormes et a mené l’entreprise au bord du gouffre. Toutes les deux décisions émanent du propriétaire de l’entreprise qui est l’Etat. Et ce sont ces deux décisions qui ont provoqué la faillite de l’ONATEL. L’entreprise n’achetait plus des matériaux nécessaires parce que l’investissement avait été suspendu. C’est de cette manière que l’entreprise est allée en régression », explique un agent de l’ONATEL.
Mais d’autres facteurs ont, dans une moindre mesure, participé à la faillite de l’entreprise, comme le souligne le même document. C’est notamment l’octroi des marchés gré à gré. Ou encore l’actionnariat dans différentes entreprises naissantes. Un exemple frappant dans ce document est l’action qui s’évalue à 60.000 dollars américains donnée par l’ONATEL à la société EABS (Est African Back Haule System). Une société qui n’a jamais vu le jour jusqu’aujourd’hui. Première victime : le personnel.
« Le chiffre d’affaires n’est plus que de cinq millions de francs. L’entreprise traine aujourd’hui une dette de plus de 17 milliards, dont huit milliards constituent les arriérés des salaires du personnel. Nous ne recevons plus de paiement mensuel depuis le début de l’année. Les paiements en dehors des salaires nets ne sont plus octroyés au personnel de l’ONATEL depuis plus de cinq ans. C’est-à-dire les paiements des dettes contractées, les cotisations pour la sécurité sociale, les cotisations dans différentes associations. Nous venons de passer plus de cinq ans sans avoir notre salaire au complet », explique un agent de l’ONATEL.
Mais le personnel ne se contente pas de ronger le frein et reste optimiste. Pour preuve, les propositions de solutions qu’ils formulent pour relever cette entreprise aujourd’hui à l’agonie. C’est dans notre prochaine livraison.