Les raisons principales du manque du ciment BUCECO sont le manque de devises et le climat des affaires qui n’est pas propice pour les commerçants. C’est l’analyse de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), qui s’inscrit en faux contre l‘argument avancé par la ministre du Commerce et de l’industrie qui avait justifié cette pénurie par les nombreux chantiers d’infrastructures publiques.
Le manque criant du ciment de l’usine BUCECO (Burundi Cement Company) s’observe sur tout le territoire national depuis quelques jours. Selon la ministre du Commerce et de l’industrie, Capitoline Niyonizigiye, cette pénurie du ciment est causée par le nombre croissant de chantiers d’infrastructures publiques à travers tout le pays.
« Je vous apprends que le ciment produit par l’usine BUCECO ne peut pas satisfaire tous les demandeurs dans tout le pays. Ces derniers jours, on est en train de construire des infrastructures publiques. Dans tout le pays, on observe des chantiers d’écoles, d’hôpitaux ainsi que des terrains de jeux, d’où l’origine de cette pénurie du ciment. Mais on est en train de faire l’extension de cette usine, la production sera suffisante dans les jours à venir, et on aura même un surplus pour exporter ailleurs », a tout de même rassuré la ministre.
Un argument qui ne tient pas debout
La raison avancée par la ministre semble ne pas convaincre. Et parmi les sceptiques figure Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME). Pour lui, il faut d’abord chercher du côté du manque des devises qui devraient permettre d’importer les matières premières contribuant à la production du ciment de l’usine BUCECO.
« Les devises, surtout le dollar américain et l’Euro, sont introuvables. La rareté des devises est la raison principale du manque des produits comme le ciment. Comment importer les matières premières sans devises ? » s’interroge le président de l’OLUCOME.
Mais d’autres facteurs expliquent cette situation. C’est le cas du climat des affaires qui n’est pas favorable aux commerçants du ciment.
« L’environnement des affaires est néfaste pour les commerçants. Les opérateurs économiques honnêtes ne peuvent pas gagner de marchés au Burundi. Et dans ce cas, vous comprenez que beaucoup de gens fuient ce secteur. C’est la loi du plus fort qui joue. C’est un élément important qui cause la pénurie parce que les commerçants honnêtes n’osent pas aller dans ce domaine », explique l’activiste Gabriel Rufyiri.
Dans cette rareté du ciment produit par BUCECO, les acheteurs eux y voient une spéculation des commerçants. Dans les différents points de vente de ce matériel de construction, l’on ne trouve que le ciment de type SIMBA, qui est importé de la Tanzanie voisine.