Une chose et son contraire ! La Banque Mondiale va livrer le vaccin contre le Covid-19 au Burundi. La nouvelle a été annoncée par le ministre de la Santé, Thaddée Ndikumana, dans un point de presse ce mercredi. Mais devant les journalistes, le ministre a déclaré que le gouvernement ne changeait pas sa position par rapport à la vaccination, et qu’il ne sera pas comptable de possibles effets du vaccin qui sera administré à qui le souhaite. Une posture que l’opposition qualifie d’irresponsable, appelant les autorités à prendre le taureau par les cornes.
La nouvelle en soi est un tournant dans le contexte du coronavirus au Burundi. Certains observateurs parlent même d’un pas. Mais le pouvoir souffle le chaud et le froid. Après des mois de refus catégorique de faire usage d’un quelconque vaccin, le gouvernement accepte tout de même un don de vaccin de la part de la Banque Mondiale. Néanmoins, le ministre de la Santé a indiqué clairement qu’il n’est pas question de changer de cap, le ton semblant même chercher à faire peur aux Burundais qui désireraient se faire vacciner. Thaddée Ndikumana a indiqué que quiconque le souhaite recevra le vaccin, mais à ses risques et périls.
« Quand les vaccins seront ici, tout Burundais qui le désire pourra s’adresser aux structures sanitaires pour avoir le vaccin, mais sans l’engagement du gouvernement, puisque les formulaires qui nous ont été transmis demandaient à ce que le gouvernement s’engage à gérer et rembourser les effets secondaires liés à ces vaccins, mais cela n’a pas été accepté par le gouvernement », a indiqué le ministre.
L’opposition appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités
La communication du ministre de la Santé n’a pas tardé à faire réagir l’opposition qui considère la position du gouvernement comme une fuite en avant. Pour Frédéric Bamvuginyumvira, ancien vice-président de la République et actuel président de la coalition de l’opposition CFOR-Arusha, l’engagement du gouvernement doit être effectif pour sensibiliser la population sur les bienfaits du vaccin.
« Là où je ne comprends pas le gouvernement, c’est de dire ‘’le vaccin est là, maintenant c’est volontaire, donc viendra qui voudra’’. Ça c’est une façon de ne pas accepter l’engagement. Et, ici, l’engagement du gouvernement doit être senti, parce qu’il doit sensibiliser la population. Je crois qu’à ce niveau-là, la responsabilité du gouvernement est très importante, et il doit procéder à la sensibilisation de la population qui a besoin de comprendre l’intérêt de ce vaccin », a appelé Frédéric Bamvuginyumvira.
Au sein de la communauté Est Africaine, les deux pays, le Burundi et la Tanzanie qui avaient catégoriquement nié l’entrée des vaccins contre le Covid-19 sur leurs sols viennent de changer d’avis. La présidente Tanzanienne a lancé la campagne de vaccination en fin de semaine dernière. Au Burundi, l’annonce de l’arrivée du vaccin survient au moment où la pandémie prend de plus en plus de l’ampleur, surtout dans les provinces du nord du pays.