Ils craignent de mourir de faim. Il s’agit des détenus des établissements pénitentiaires du Burundi qui viennent de passer plus de deux semaines sans recevoir du haricot. Ils demandent à la direction pénitentiaire de leur fournir cet aliment de base avant qu’il ne soit trop tard. Selon les prisonniers, le haricot est d’autant plus important que la farine de maïs disponible est nocive, du fait des mauvaises conditions de conservation.
Les établissements pénitentiaires concernés par ce manque de vivres sont principalement ceux de Ruyigi, Rumonge, Gitega, Muramvya, Muyinga et Bubanza.
Des sources de la radio Inzamba Agateka au sein de ces prisons indiquent que c’est surtout le manque de haricot qui est alarmant. Ces sources affirment que les détenus viennent de passer plus de dix jours sans en recevoir.
Cette situation ajoute le drame au drame parce que les détenus affirment qu’ils étaient déjà mal nourris. Le manque du haricot en prison inquiète les détenus parce que c’est l’unique aliment dont ils bénéficient pour accompagner la pâte de maïs ou de manioc.
Mais depuis quelques jours, ils ne reçoivent que de la farine de maïs qui, selon eux, a un goût amer, encore que chacun n’a droit qu’à un gobelet par jour.
Acculés, certains prisonniers sont contraints de faire recours à l’eau qu’ils utilisent comme une sauce pour avaler la pâte.
Ils demandent à la direction générale des affaires pénitentiaires de mettre dans l’urgence à leur disposition le haricot et une farine digne de « consommation humaine » avant qu’il ne soit trop tard. Car pour eux, si rien n’est fait dans les plus brefs délais, la mort pourrait frapper dans ces prisons, les organismes des détenus étant devenus faibles et vulnérables aux maladies, surtout la malaria, précisent-ils.
La rédaction de la radio Inzamba Agateka Kawe a essayé de contacter par téléphone les directions des établissements pénitentiaires cités, pour qu’elles puissent éclairer l’opinion sur cette situation, mais sans succès.
Une indifférence coupable des autorités pénitentiaires
Ces carences répétitives des denrées alimentaires au sein des prisons du Burundi préoccupent l’organisation ACAT-Burundi qui œuvre pour le respect des droits de la personne humaine.
Me Jean Claude Ntiburumunsi, chargé du département juridique au sein de l’ACAT-Burundi, regrette que les autorités pénitentiaires restent indifférentes face à ce grave problème. Il recommande aux autorités burundaises, et en particulier à la ministre de la Justice, de trouver une solution durable à cette situation.
« Le manque criant de vivres dans les prisons est devenu le quotidien des prisonniers qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les institutions qui devraient s’occuper de cette question semblent en avoir fait le cadet de leurs préoccupations. Ce qui est vraiment dommage », s’insurge d’entrée de jeu Jean Claude Ntiburumunsi.
Et de préciser : « Dans les prisons de Ruyigi, Bubanza, Muyinga, Gitega, Mpimba et d’autres, on observe déjà deux semaines sans distribution de haricot. Ils reçoivent uniquement 350g de farine à consommer toute la journée. C’est catastrophique pour une personne adulte. Certains prisonniers vulnérables, comme ceux souffrant de maladies chroniques et les mères allaitantes, courent un risque évident si rien n’est fait dans l’immédiat. Nous réitérons pour la énième fois notre requête à l’endroit de la ministre de la Justice de prendre cette question avec tout le sérieux nécessaire et trouver une solution durable. On entend souvent le chef de l’Etat se nommer « père de la Nation », il faut qu’il le prouve par les actes. Les détenus sont des Burundais à protéger comme tous les autres », insiste-t-il.