La nouvelle donne est contenue dans un nouvel appel à la libération du docteur Christophe Sahabo, ancien directeur de l’hôpital Kira. Appel lancé par la société privée SwissMed International, principal actionnaire de cet hôpital, à travers une note confidentielle adressée au gouvernement du Burundi et dont la radio Inzamba a pu se procurer. Eh bien, le groupe révèle que le principal instigateur du calvaire que vit le Dr Sahabo n’est autre que l’actuel directeur de la SOCABU, qui a agi pour des intérêts non assouvis. SwissMed International fait savoir que la détention de l’ex-directeur de Kira Hospital ternit l’image du Burundi et constitue un obstacle à l’amélioration du climat des affaires dans le pays.
Dans cette note confidentielle de onze pages, datée du 18 juillet 2022, SwissMed indique que l’affaire Christophe Sahabo est un montage grotesque visant la spoliation des actionnaires privés dont l’investisseur suisse, au profit de certains groupes politico-mafieux proches du pouvoir de Gitega. Pour le groupe suisse, l’affaire est exclusivement politique et non pénale.
La note confidentielle démontre que la gestion de l’hôpital était collégiale et non individuelle, entre le directeur général, en la personne de docteur Christophe Sahabo, le directeur administratif et financier, l’assemblée générale des travailleurs et le conseil d’administration. Celui-ci étant composé des représentants des différents actionnaires y compris l’Etat du Burundi.
La note révèle la raison d’accusation contre le docteur Christophe Sahabo à la page cinq de ce document. Il s’agit de conditions posées par Charles Ndagijimana, l’actuel directeur général de la Société d’assurance du Burundi, SOCABU, pour que l’hôpital Kira obtienne une restructuration d’un crédit à la Banque de crédit de Bujumbura BCB. Ledit crédit avait été sollicité par Christophe Sahabo, alors directeur de Kira Hospital. La direction de l’hôpital avait alors requis l’intervention du directeur de la SOCABU auprès de la BCB, afin que l’hôpital obtienne cette restructuration de ladite dette. Mais Charles Ndagijimana avait exigé trois conditions : la prise de contrôle de Kira Hospital, devenir président du conseil d’administration et l’augmentation du capital de l’actionnaire majoritaire SwissMed International.
La note confidentielle indique que ces conditions n’étaient pas du ressort de la direction de Kira Hospital, mais de l’assemblée générale et du conseil d’administration. La direction de l’hôpital a ainsi décidé de contacter directement la BCB, et de lui exposer une demande argumentée pour obtenir la restructuration du crédit. La banque a accepté la requête. Lorsque Charles Ndagijimana a su que la restructuration avait finalement été obtenue, sans que ses conditions aient été considérées, il a proféré des menaces ouvertes à l’encontre de Christophe Sahabo.
Toujours selon cette note, depuis l’arrestation de Christophe Sahabo par le Service national des renseignements, le dossier relatif à sa détention est émaillé de nombreuses irrégularités. En plus des violations de la loi dans sa détention, plusieurs documents physiques qui ont été fournis par l’accusé et qui devraient constituer les éléments à décharge ont systématiquement été extraits de son dossier. Et d’ajouter qu’une somme de vingt millions de francs burundais qui a été saisie dans son bureau lors de son arrestation, n’apparait nulle part dans le dossier, alors que le Service national des renseignements avait fait un procès-verbal de saisie.
Le groupe SwissMed International demande la libération inconditionnelle et sans délai du docteur Christophe Sahabo. Il conclut dans cette note que sa détention ternit l’image du Burundi, et qu’en somme, elle constitue un véritable frein à tout investissement étranger.