La Ligue Iteka s’inquiète du déséquilibre politico-ethnique qui s’observe dans les institutions étatiques du pays. Une enquête menée par la ligue en ce mois de février, montre que plus de 80% des postes sont occupés par des hutus et des membres du parti au pouvoir. Cette organisation de défense des droits de l’homme s’interroge aussi sur la finalité du récent recensement ethnique dans la Fonction publique.
L’enquête portait sur des postes de responsabilité dans les services publics. Parmi ces services figure celui de la santé où sur 673 cadres, 596 sont des Hutus, soit 88,6%, et 77 cadres tutsis, soit 11,4% et presque tous membres du parti CNDD-FDD. Le domaine éducatif compte 135 cadres, parmi lesquels 124 sont de l’ethnie hutu, et 11 Tutsis. Soit 91,8%, contre 8,2%.
L’appareil judiciaire n’est pas non plus épargné par ce déséquilibre. Sur un total de 185 cadres, 142 sont des Hutus, soit 76,8% et 42 sont des Tutsis, qui représentent un pourcentage de 22,7%. Un seul cadre est de l’ethnie twa.
Concernant le ministère de l’Intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire, sur un total de 18 gouverneurs, 15 sont des Hutus, et représentent 83%. 3 seulement sont des Tutsis soit 17%. Parmi eux, 17 sont membres du parti CNDD-FDD, tandis qu’un seul est issu du parti UPRONA pro-gouvernemental.
Toujours dans ce même ministère, sur un total de 118 administrateurs communaux, 80 sont des Hutus, soit 68%, au moment où 38 sont des Tutsis, soit 32%. 116 sont du CNDD-FDD et les 2 autres sont de l’UPRONA proche du pouvoir.
Dans les corps de défense et de sécurité, la Constitution garantit les quotas ethniques dans la perspective de prévenir les actes de génocide et les coups d’Etat. Pourtant, pour la quasi totalité des provinces du pays, il y a 15 commissaires de police de la composante sociale hutue, soit 83,3% tandis que 3 sont de la composante sociale tutsie, soit 16,7%. Au niveau du Service national des renseignements, les responsables provinciaux sont tous Hutus, à l’exception du responsable du SNR à Bubanza.
Bref, conclut la ligue, le parti CNDD-FDD s’est adjugé le monopole dans tous les postes de responsabilité de la vie du pays, avec une majorité écrasante de la composante sociale hutu.
La ligue Iteka s’interroge aussi sur le recensement ethnique commandité par le Sénat et exécuté par le ministère de la Fonction publique en octobre 2020. La question que se pose cette organisation est celle de savoir si ce recensement n’avait pas la finalité de créer des déséquilibres ethnico-politiques. La ligue Iteka demande au Sénat de ne pas se servir des résultats du récent recensement effectué dans les services publics pour violer la Constitution et les Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Elle demande au gouvernement de mettre en avant le culte du mérite.