L’attitude du président de la République fait reculer le métier de journalisme. L’Union burundaise des journalistes (UBJ) déplore ainsi la réaction d’Evariste Ndayishimiye sur une question d’un journaliste, à propos de l’inhumation des détenus victimes du récent incendie qui a ravagé la prison centrale de Gitega. Le président de la République n’avait, en effet, pas trouvé mieux que de lui répondre sur un ton menaçant.
Dans cette conférence publique, le président de la République s’est énervé, s’en prenant au journaliste qui lui a posé une question qui a semblé l’embarrasser au plus haut point. La question était en rapport avec l’incendie qui, selon des sources indépendantes, a emporté près de 350 détenus à la prison centrale de Gitega, le 7 décembre dernier. Et c’est avec mépris que le président Ndayishimiye a répondu au journaliste, l’accusant de propager des rumeurs.
« Tu aurais dû te rendre sur place pour poser la question au gouverneur pour savoir si ces personnes ont été enterrées ou pas, prétendant que tu n’étais pas au courant. Mais tu n’as pas eu ce courage. Tu as attendu pour venir ici au stade pour me faire perdre du temps, alors que ce temps nous aurait permis d’avancer. Maintenant tu nous fais reculer. Et comme dans ta cité, tu ne cesses de dire qu’ils n’ont pas été inhumés. Tu es un journaliste, et il se pourrait que tu ne cesses aussi de le dire sur ton compte Twitter, en propageant des mensonges.
L’Union burundaise des journalistes n’a pas tardé à réagir. Alexandre Niyungeko, président de l’UBJ, déplore ce comportement du président de la République. Il estime que cet agissement menace dangereusement la liberté de la presse au Burundi.
« C’est vraiment regrettable qu’un chef d’Etat s’attaque ainsi à un journaliste juste parce qu’il ne faisait que son travail. Le journaliste n’a fait que poser une question. Une question qui est d’ailleurs sur les lèvres de tout le monde, sur cette affaire des victimes de l’incendie de la prison de Gitega. Et, au lieu de répondre, il s’en prend à lui, il le menace, il le malmène et le traite de tous les noms. C’est naturellement une atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’expression et, en somme, une atteinte à la Constitution qui reconnaît cette liberté de la presse. C’est d’autant plus regrettable que cette liberté de la presse était déjà mise à mal dans ce pays. Maintenant, cela aura certainement des conséquences néfastes sur cette liberté, puisque le numéro un du pays vient de donner le ton sur la manière de traiter les journalistes. Cela ternit l’image du pays ».
Rappelons que ce n’est pas pour la première fois que le président Evariste Ndayimiye s’en prend aux journalistes. Tout récemment, il avait accusé nommément les journalistes Esdras Ndikumana de Radio France Internationale et Antoine Kaburahe du groupe Iwacu, d’être les pires ennemis du pays, parce que, selon lui, ils ternissent au jour le jour l’image de leur patrie.
Photo Illustration : ©Groupe de presse Iwacu