Des observateurs, dont des spécialistes du domaine de la santé, sont interloqués. Le jusqu’auboutisme du gouvernement est surréaliste. La vaccination contre le Covid-19 n’est pas du ressort des individus, comme le fait observer Come Konakuze, expert épidémiologiste. Il réagit aux propos du ministre en charge de l’Intérieur qui a affirmé que, malgré l’arrivée imminente de vaccins offerts par la Banque Mondiale, le gouvernement s’oppose à une vaccination de masse.
C’était ce jeudi, alors qu’il était en réunion avec les administrateurs communaux, lorsque Gervais Ndirakobuca, ministre chargé de l’intérieur, et président du Comité national de riposte contre le Covid-19, a confirmé que le gouvernement burundais n’envisage aucun plan de vaccination national global. Celui qui le désire n’aura qu’à solliciter ce vaccin dans le stock.
« Le gouvernement burundais n’a jamais dit qu’il recevra des vaccins pour protéger sa population. Que ces bailleurs nous donnent ces vaccins, nous allons les stocker et tout Burundais qui le souhaitera ira lui-même le demander. Certains journalistes disent que le gouvernement a accepté de vacciner toute la population, c’est faux. Ce vaccin ne sera administré qu’à la personne qui le demande. Nous allons stocker toute aide de vaccin », a ainsi scandé le ministre.
A la suite de cette déclaration, qui rejoint celle du ministre de la Santé la veille, les réactions fusent de partout. Les experts ne sont pas en reste. C’est le cas de Come Konakuze, expert épidémiologiste, qui estime que les autorités du pays devraient plutôt entamer un programme de vaccination qui couvre tout le pays.
« En principe, les autorités devraient en premier lieu mettre en place un plan de vaccination sur tout le territoire national, et le faire respecter à travers les autorités sanitaires, administratives et les mobilisateurs communautaires, tout comme les experts qui sont en appui dans ce processus au Burundi », suggère Come Konakuze.
Pour l’expert, si la situation s’aggrave, les autorités du pays sont fautives sur toute la ligne, à commencer par le non-respect des mesures barrières. « Il est bien sûr question de la conscience individuelle de chaque citoyen. Il y a une sensibilisation des autorités, du moins dans les discours, mais on ne le voit pas dans la pratique. Et je remarque des comportements qui ne changent pas face au Covid-19. Il n’y a pas de disponibilité du matériel, on ne voit pas la mobilisation sociale, aucune contrainte pour suivre ces mesures, on ne voit pas une implication assez stricte depuis même le sommet de l’Etat », regrette l’épidémiologiste.
Dans la sous-région, le Burundi fait donc aujourd’hui cavalier seul dans cette logique de s’opposer à la vaccination de la population. La Tanzanie, qui était le 2e pays à suivre cette démarche, a lancé, en fin de semaine dernière, sa campagne de vaccination contre la pandémie.