La police est déjà sur le coup et a déjà arrêté une personne, un intermédiaire, communément appelé « commissionnaire ». La stratégie montée est simple et permet aux agents de la Commission des terres et autres biens de ne pas apparaitre dans ces magouilles. Ces derniers se servent d’intermédiaires qui vont auprès de rapatriés qui réclament des propriétés qu’ils disent leur appartenir. Ils leur demandent de l’argent qu’ils reversent aux agents de la CNTB et, en retour, ceux-ci chassent les propriétaires résidents de leurs domaines et les accordent aux rapatriés qui ont payé, sans même passer par la justice.
André Runyabuye, commissionnaire de son état, a été arrêté à son domicile sur la colline Kiderege le vendredi 15 octobre. Selon nos sources à Nyanza-lac, il est accusé par les résidents de collecter des pots-de-vin auprès des rapatriés pour le compte des employés de la Commission nationale des terres et autres biens, et pour ceux de la cour spéciale de cette commission. Selon les habitants de la colline Kiderege, il a été arrêté par la police de Nyanza-lac sur ordre du gouverneur de la province Makamba Françoise Ngozirazana. Quatre familles de cette colline avaient été expropriées de leurs propriétés mardi dernier par la cour spéciale des terres et autres biens. Ces familles ont contesté la décision de la cour avant de venir porter plainte chez le gouverneur jeudi 14 octobre.
« Ce collecteur des pots-de-vin André Runyabuye alias Kararoshe a alors été arrêté le lendemain. Mais aussitôt, des bruits ont commencé à courir que ce dernier allait être relâché », a témoigné un habitant de cette colline.
De nombreux ménages de la colline Kiderege en zone Kazirabageni de la commune Nyanza-lac ont par après décidé de se rendre au commissariat communal de police à Nyanza-lac pour protester contre une possible libération de ce commissionnaire. Ils accusent les intermédiaires, la CNTB et sa cour spéciale d’exproprier des gens sans qu’ils aient même comparu devant les deux organes sur base de corruption.
« Les palmeraies attribuées par la CNTB et sa cour spéciale reviennent ensuite à ces commissionnaires. Ces commissionnaires mettent à leur tour ces palmeraies en location pendant plus de dix ans d’exploitation alors que les soi-disant propriétaires et les résidents expropriés vivent dans une misère sans nom », a expliqué un résident qui dit avoir lui-même été victime de cette expropriation.
Selon une source administrative, plusieurs commissionnaires complices de la CNTB et sa cour spéciale à Nyanza-lac vivent dans la clandestinité, depuis vendredi, c’est-à-dire depuis l’arrestation d’André Runyabuye.
Les habitants demandent des enquêtes approfondies pour traquer également les employés de la CNTB et de sa cour spéciale impliqués dans ces magouilles.
La rédaction de la radio Inzamba Agateka Kawe a tenté de joindre Dieudonné Mbonimpa, porte-parole de la Commission nationale des terres et autres biens, mais sans succès.