Gouvernance

Ngozi : Trois OPJ sanctionnés pour avoir refusé de se laisser manipuler par le procureur de la République

Publié le 17 octobre 2023 par Rédaction

Le parti CNDD-FDD d’abord ! Cela semble être le crédo du procureur de la République à Ngozi. En témoigne certaines de ses décisions de ces deux dernières semaines. Il a ordonné la libération de trois Imbonerakure, l’un poursuivi pour meurtre, les deux autres, arrêtés pour vol d’une moto. L’ordre, donné sans procès préalable, a été refusé par les officiers de la police judiciaire en charge des dossiers. Conséquence : le procureur a immédiatement procédé à leur mutation disciplinaire. Mais selon un expert du droit, c’est, au contraire, le représentant de la loi qui doit être arrêté et traduit devant la justice.

Les deux premiers officiers de la police judiciaire mutés le lundi 25 septembre sont : Rukundo Jean Berchmans qui a été envoyé travailler en commune Gatara de la province Kayanza et Muhimpundu Caritas qui, désormais, est appelée à former les policiers nouvellement recrutés.

D’après des sources policières à Ngozi, ils sont tous reprochés par Prosper Yamuremye, le procureur de la République à Ngozi, d’avoir refusé, la semaine dernière, d’obtempérer à l’ordre de libérer un Imbonerakure du nom de Yamani.

Cette autorité du ministère public, poursuivent toujours les mêmes sources, a dit que la détention de cet Imbonerakure donne une très mauvaise image au parti CNDD-FDD, pouvant même conduire au démembrement de celui-ci.

Et c’est ce même lundi que l’Imbonerakure Yamani a été transféré à la prison centrale de Ngozi. Ce dernier avait été arrêté au début de la semaine dernière pour avoir sauvagement battu un homme qui venait d’être attrapé en train de voler nuitamment un régime de banane. Le drame qui s’est déroulé sur la colline Muremera, dans la zone urbaine de Ngozi. Le présumé voleur qui avait été placé la même nuit au cachot du commissariat de Ngozi, mais il est décédé dans sa cellule la même nuit.

Un autre cas de mutation est celui de l’OPJ Nimubona Jimmy du même commissariat de police. Il été ce lundi même, envoyé travailler en commune Bwambarangwe de la province Kirundo. Il est lui aussi, selon toujours les mêmes informations, accusé d’avoir affiché une attitude de désobéissance avérée en refusant de libérer, sous l’ordre du même procureur, deux imbonerakure Cokumpa Jonas et Girukwishaka Viateur.

Ceux-ci avaient eux aussi été arrêtés la semaine dernière pour cause de vol d’une moto. Mais pour eux, l’ordre du procureur a été exécuté et ils ont été libérés, malgré l’opposition de l’un des OPJ.

Le procureur a failli à sa mission et doit être jugé

Me Janvier Bigirimana n’y va pas par quatre chemins : c’est le procureur qui devait veiller au respect de la loi, et c’est lui qui l’enfreint. Pour cet avocat, le procureur de la République à Ngozi devrait être arrêté et traduit devant la justice suite à ses écarts affichés ces derniers jours, en imposant la libération injustifiée de personnes poursuivies par la justice à Ngozi.

 

« Le comportement affiché par le ministère public à Ngozi, particulièrement par le procureur de la République, en ordonnant la libération d’Imbonerakure accusé de meurtre et d’autres infractions, et en sanctionnant les policiers qui avaient refusé de les libérer, est un comportement qui viole non seulement la loi, mais aussi qui piétine gravement les droits des citoyens par le traitement des citoyens de manière différenciée par rapport à l’application de la loi. Le procureur a oublié sa mission qui est d’appliquer la loi, mais aussi de protéger les citoyens, sans discrimination aucune. Un Imbonerakure qui commet un crime aussi grave que le meurtre devrait être sanctionné sans état d’âme en application correcte de la loi, mais ce comportement qui différencie les citoyens selon leur appartenance politique, c’est un comportement à bannir, parce que c’est un comportement qui n’est pas digne d’un responsable de la justice », condamne l’avocat.

Me Janvier Bigirimana en appelle aux différentes autorités habilitées pour intervenir et sévir contre le procureur qui outrepasse la loi.

« Les autorités du ministère publique, en l’occurrence le procureur général de la République, mais aussi les autorités politiques, plus particulièrement la ministre de la Justice, devraient prendre des mesures qui s’imposent pour que des sanctions soient infligées à ce magistrat défaillant et que la population soit protégée en appréhendant encore une fois ces présumés auteurs de crimes graves, tout en rétablissant dans leurs fonctions les policiers qui ont été injustement sanctionnés. Nous demandons en outre que les familles des victimes soient écoutées, si non nous déplorons que la justice continue d’être un outil de répression que le régime en place utilise contre des citoyens innocents, contre des opposants ou des citoyens présumés comme tels », s’indigne-t-il.

 

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