Editorial
La question titille la radio Inzamba depuis le 4 mars, c’est-à-dire la fin du délai de 10 jours donné par Gervais Ndirakobuca à la société pour livrer l’engrais aux agriculteurs. C’est un éditorial de la radio Inzamba Agateka Kawe.
La qualité d’une terre exploitée sans interruption se détériore impérativement. Les cultivateurs ont alors besoin d’engrais chimiques pour venir en renfort aux fertilisants naturels pour leur permettre d’obtenir de bonnes moissons.
Conscient de cette donne, le gouvernement a appuyé la création de la société Fertilisants organo-minéraux FOMI pour fabriquer de l’engrais chimique, afin de permettre aux cultivateurs de s’en procurer localement et à un coût moins élevé.
Mais le noble idéal s’est aussitôt transformé en chimère. Car depuis sa mise en place, la société n’a pas servi à grand-chose, en tout cas pas en faveur des pauvres paysans.
Pourquoi ?
A travers tout le pays, d’innombrables Burundais ne savent plus à quel saint se vouer, parce que la saison culturale touche presque à sa fin, alors qu’ils n’ont pas encore reçu l’engrais pour les semailles déjà longtemps dépassées, au moment où aujourd’hui, ils devraient plutôt recevoir de l’engrais pour le sarclage.
Et pourtant, ces mêmes agriculteurs ont versé à cette société l’argent nécessaire pour recevoir l’engrais, mais ils ont attendu en vain. Ils ont exprimé leurs soucis à l’administration, et un premier ultimatum a été fixé pour livrer l’engrais, mais rien n’a été fait.
Il y a un peu plus de deux semaines, Gervais Ndirakobuca, le ministre de l’Intérieur, a convoqué dans une réunion les directeurs provinciaux de l’agriculture, les gouverneurs et les responsables de FOMI, _ une tâche qui, soit dit en passant, incombait au ministère de l’Agriculture_ pour trouver une solution à ce problème devenu insoluble.
Un délai de 10 jours a alors été donné à la société FOMI pour distribuer toutes les quantités restantes d’engrais à tous ceux qui ont payé à travers le pays. Le ministre a usé d’un ton tellement tranchant, que d’aucuns se disaient que l’engrais serait disponible en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Mais, depuis, toujours rien. Toujours pas d’engrais.
Une situation qui ne peut manquer d’interroger. Adrien Ntigacika, alias Ziranotse, patron de la société FOMI, membre du CNDD-FDD et l’un des hommes les plus riches du parti, serait-il plus puissant que Gervais Ndirakobuca, pourtant considéré comme l’un des hommes forts du pouvoir ? Ou alors y aurait-il une main de gens plus haut placés, qui annihile l’application des injonctions du ministre ?
Quoi qu’il en soit, les agriculteurs qui ont versé leur argent et qui n’ont pas reçu d’engrais méritent justice. Qui sera tenu responsable si demain une famine se déclarait, alors que les braves citoyens avaient tout donné pour des lendemains qui chantent ?
Le Chef de l’Etat, qui avait déclaré que 2022 est l’année de l’agriculture, doit impérativement intervenir, et vite, pour sauver les agriculteurs. Au cas contraire, c’est lui, en personne, qui sera tenu responsable de cette terrible situation.