Le président du tribunal de résidence de Rumonge a été démis de ses fonctions. Déo Niyongabo est accusé de corruption par la population. Il n’avait pas nié les faits devant la ministre de la justice lors d’une descente effectuée en avril dernier à Rumonge.
Déo Niyongabo, désormais ex-président du tribunal de résidence de Rumonge, était accusé de constituer un frein dans les différents procès du tribunal. Selon des témoins sur place, il voulait être le seul à auditionner tout le monde, mettant ainsi à l’écart les autres juges pour l’aider.
D’autres témoins ont insisté sur le fait que Déo Niyongabo s’arrangeait pour que des procès de portée nationale soient retirés du tribunal de résidence, pour les auditionner lui-même au tribunal de grande instance de Rumonge. L’objectif de toutes ces manœuvres était d’encaisser des pots-de-vin.
Mal lui en a pris, puisque toutes ces accusations ont été portées devant la ministre de la Justice, Domine Banyankimbona, lors d’une descente qu’elle avait effectuée à Rumonge au mois d’avril de cette année. Pris de court, Déo Niyongabo s’était contenté de garder le silence. La ministre lui avait alors donné deux semaines pour corriger tous ces manquements.
« En vérité, que tu sois en ordre ou pas, si tu ne donnes pas un pot-de-vin, pas n’importe lequel, tu ne pouvais pas être entendu. Il exigeait des millions. Certains ont même abandonné leurs procès parce qu’il leur avait demandé des sommes colossales. Huit millions, dix millions, voire plus. Des propriétés foncières lui ont été cédées. Les gens sont dans le désarroi », se lamente un homme qui affirme avoir été lui-même une de ses victimes.
Mais aujourd’hui, l’enthousiasme l’emporte sur les frustrations.
« Nous nous réjouissons de son remplacement. Nous demandons que cela ne se limite pas là. Il faut qu’il soit poursuivi en justice pour répondre de ses actes. Ses victimes ont des preuves tangibles des pots-de-vin qu’ils lui ont versés, tout comme ceux dont il a spolié des terres. Vous avez même vu qu’il ne s’est pas présenté dans une réunion que le président de la République avait organisée, alors que toutes les autorités étaient sur place. Il avait honte parce qu’il avait quelque chose à se reprocher », explique un autre habitant de Rumonge, très au fait des magouilles du juge.
Les habitants de Rumonge disent reposer leur espoir sur la justice à laquelle ils demandent de faire son travail pour le juger.
Déo Niyongabo a été remplacé par Emmanuel Ndayizigiye à la tête du tribunal de résidence de Rumonge. Et si les justiciables ont un conseil à donner à ce dernier, c’est de ne pas emboîter le pas à son prédécesseur.