Elle est partout et trop exaspérante surtout pour les détenus. Qu’ils soient des prisons ou des cachots, le moindre service requis pour les prisonniers se paie cash. Que ce soit leur comparution, leur transfert ou même libération, tout se négocie à coup de billets, et les magistrats, sans vergogne, ne font qu’empocher. Les familles des détenus sont à bout et demandent, dépitées, que les corrompus soient poursuivis et sanctionnés.
Selon des informations recueillies par la radio Inzamba Agateka Kawe dans différents cachots et prisons des provinces du sud du pays, la corruption s’est généralisée à tous les niveaux du secteur carcéral. La comparution des détenus devant les parquets est conditionnée par le paiement de pots-de-vin versés aux procureurs de différents parquets.
Selon des sources au sein de la prison de Rumonge, qui héberge des détenus pour la plupart originaires des provinces Bururi, Rumonge, Makamba et Rutana, même les détenus acquittés se voient refusés le droit de quitter les prisons et les cachots. Les mêmes informations précisent que le procureur de Rumonge monnaie leur libération pour des sommes allant de 500 mille à un million de francs burundais pour les détenus acquittés par le tribunal de grande instance de Rumonge. Quant à ceux qui sont dans le cachot du parquet de Rumonge, ils ne peuvent aussi comparaitre qu’après paiement de pots-de-vin qui sont déterminés après négociation des familles de ces derniers, précisent les mêmes sources. Au cachot du parquet de Makamba, les détenus disent en outre qu’ils vivent dans des conditions extrêmement difficiles suite aux effectifs pléthoriques, car ils ne comparaissent pas devant les substituts dans les délais fixés par la loi.
Selon les professionnels du droit, la situation est identique dans les cachots des commissariats communaux de ces 3 provinces. Ils expliquent que les détenus de ces commissariats sont contraints de payer eux-mêmes les frais de déplacement, pour être transférés des cachots des commissariats communaux vers les cachots des parquets. Ainsi, un avocat, client de quelques-uns des prisonniers, révèle sous anonymat, qu’un détenu est obligé de s’acquitter non seulement de ses frais de déplacement, mais aussi de ceux des policiers qui l’accompagnent. La somme varie selon la distance de la commune et le chef-lieu de la province.
Mais ces mêmes professionnels du droit expliquent que les choses semblent sur la voie de changer. Selon eux, depuis la réunion convoquée par le président Evariste Ndayishimiye, les procureurs et les présidents des grandes instances s’efforcent de faire correctement les choses, car ils sont dans la crainte d’être remplacés par le Conseil supérieur de la magistrature.
Que ce soit les détenus, que ce soit les familles des détenus ou les professionnels du droit, ils demandent au chef de l’Etat de suspendre les responsables des cours et tribunaux qui ne s’acquittent pas convenablement de leurs tâches.
Suite à ces grognes des détenus des maisons de détention des provinces du sud du pays, la radio Inzamba Agateka Kawe a essayé de contacter par téléphone Cynthia Irakoze, la porte-parole du ministère de la Justice, mais sans succès.