Les surdosages des engrais de la société FOMI dans les champs risquent de créer la dégradation du sol. Une situation qui résulte d’un bras de fer entre le directeur général de l’Institut des sciences agronomiques du Burundi (ISABU) et les autorités de FOMI. Un rapport d’experts du domaine de l’agriculture qui indique les doses est pourtant conservé dans les tiroirs de l’ISABU et du ministère de l’Agriculture. La question qui se pose est de savoir pourquoi ce rapport n’a pas été porté à la connaissance du public pour suivre les dosages recommandés par les experts.
Dans les conditions normales, selon les prescriptions du rapport des experts dont la radio Inzamba est parvenu à se procurer quelques extraits de texte, 45 kg d’engrais appelé Imbura sont nécessaires pour un hectare. Cependant, depuis 2019, les agriculteurs utilisent près de 400 kg, soit près de dix fois la quantité recommandée, pour cette même superficie. Pour la variété de l’engrais dit Totahaza, les agriculteurs utilisent près de 200 kg pour un hectare, au lieu de 300 kg, selon le même rapport des experts.
Selon des sources au ministère de l’Agriculture, le ministre Déo Guide Rurema s’est arrogé le droit de fixer ces dosages avant que la moindre étude ait été préalablement menée. Le plus étonnant, c’est qu’après la sortie du rapport des experts, le même ministre, au lieu de s’en inspirer, a classé le document dans ses tiroirs et maintenu les dosages édictés auparavant.
Pourtant, le directeur de la fertilisation des sols d’alors, Dodiko Prosper, avait essayé de s’opposer à cette mesure du ministre Rurema. Il avait alors été vite remplacé. Ce qui est étonnant, selon toujours nos sources au ministère de l’agriculture, c’est que ni le ministre, ni le directeur général de l’ISABU, Alfred Niyokwishimira, ne veulent corriger ces doses pourtant contredites par le travail de recherches des experts.
Depuis septembre 2021, et donc deux mois, le rapport est entre leurs mains, mais ils laissent les agriculteurs faire les commandes des engrais chimiques dans les mêmes conditions pour encore une fois appliquer les fausses doses au lieu d’utiliser celles des experts.
D’après des sources au ministère de l’Agriculture et de l’ISABU, cela découle d’un conflit entre le directeur général de l’ISABU et le patron de l’usine de FOMI, Adrien Ntigacika, alias Ziranotse.
Ces sources indiquent que l’origine du conflit est qu’Adrien Ntigacika s’apprête à implanter une usine de cimenterie dans la province de Rutana, sur un terrain que le gouvernement lui aurait attribué dans le domaine de l’ISABU. Ce qui n’a pas plu à Alfred Niyokwishimira.
Contacté par téléphone, le directeur général de l’ISABU s’est réservé de tout commentaire. Quant au ministre Déo Guide Rurema, il était injoignable sur son téléphone portable.