Editorial
Qui pour sauver les Burundais du Covid-19? Ce qui est évident, c’est que la population ne peut pas compter aujourd’hui sur les autorités burundaises qui ne veulent même pas donner le bon exemple en se faisant vacciner. C’est l’objet de l’éditorial de la rédaction de la radio Inzamba ce 29 octobre 2021.
Le pouvoir burundais excelle de plus belle dans la démonstration qu’il se fout du bien-être de la population. La négligence des autorités face au Covid-19 en est la preuve, au moment où tous les autres pays du monde continuent de renforcer les mesures pour endiguer la pandémie.
Le refus de protéger les Burundais a été affiché depuis l’apparition de la pandémie. Une attitude qui se poursuit, ou plutôt s’empire aujourd’hui, alors que la communauté internationale est en train de distribuer les vaccins, et que, d’ailleurs, même le Burundi vient de recevoir ses première doses offertes par la Chine.
Partout dans le monde, à commencer par les pays les plus riches, les Chefs d’Etat ont donné l’exemple en se faisant vacciner en premier, et cela s’est répercuté ailleurs, jusqu’en Afrique. Dans le voisinage le plus direct du Burundi, au Rwanda et en Tanzanie, les Chefs d’Etat ont donné le « La » en prenant publiquement leurs doses, afin de motiver leur peuple. Ce qui est loin d’être le cas au Burundi.
Au Burundi, ce qui est incompréhensible, c’est que le gouvernement a accepté de recevoir les vaccins, mais aucune autorité ne s’est encore fait vacciner, alors que la vaccination a été officiellement lancée il y a près de deux semaines. Ce qui prouve qu’ils font une chose et son contraire.
Les autorités se seraient-elles fait vacciner en cachette ? C’est très probable. Rien que l’exemple du Chef de l’Etat, certains des nombreux voyages qu’il effectue le mènent dans des pays où l’entrée est conditionnée par le fait d’avoir été vacciné, quel que soit le statut du voyageur, comme le cas des Etats-Unis, où il a participé à la dernière Assemblée générale de l’ONU.
Ce qui est encore plus étonnant et plus dommageable, à peine le comité en charge de la riposte contre le Covid-19 a annoncé l’arrivée imminente des vaccins, que le Premier ministre en personne, Alain-Guillaume Bunyoni, a aussitôt publiquement affirmé que les vaccins n’ont pas subi suffisamment d’études, et que ceux qui se font vacciner tombent par la suite malades, et qu’ils en meurent même.
Le message d’Alain-Guillaume Bunyoni était clair : il invitait les Burundais à ne pas se faire vacciner.
Mais le discours d’Alain-Guillaume Bunyoni est venu en renfort à d’autres propos. C’est notamment ceux des ministres de la Santé et de l’Intérieur, qui sont également, et c’est là où le bât blesse, responsables du comité en charge de la riposte contre le Covid-19. Lors de la toute première annonce de l’arrivée des vaccins, les deux hommes avaient averti les Burundais que le gouvernement ne serait pas tenu responsable des conséquences des vaccins sur les personnes vaccinées.
Etant donné la terreur exercée par le pouvoir, ceux qui oseraient se faire vacciner prendraient alors le risque d’être persécutés, voire tués, pour avoir agi en contradiction avec la position des autorités, comme c’est souvent le cas depuis l’arrivée du CNDD-FDD au pouvoir. Ils pourraient donc être considérés comme des traitres, des ennemis de l’Etat.
Rien d’étonnant qu’aujourd’hui la peur de la population de se faire vacciner, se traduise par des statistiques extrêmement basses, avec une moyenne d’à peine une centaine de personnes vaccinées par semaine, la plupart étant d’ailleurs ceux qui se préparent pour voyager.
La preuve, s’il en faut, que les autorités burundaises, à commencer par le président Evariste Ndayishimiye, ne se soucient aucunement de ceux qu’ils gouvernent.
Les Burundais ont intérêt à prendre conscience du danger qui les guette, et à surpasser la peur qui les tiraille et se faire vacciner, car à l’heure actuelle, c’est le moyen le plus efficace de se protéger contre le Covid-19.
Dans le cas contraire, le pays finira par être la paria et isolé du monde, et il sera alors trop tard quand le pauvre citoyen lambda criera : « Si j’avais su ! »
Photo Illustration : © Erick Kaglan, World Bank